Réalisé par Vincent Garenq. France. Drame. 1h27 (Sortie le 16 mars 2016). Avec Daniel Auteuil, Sebastian Koch, Marie-Josée Croze, Christelle Cornil, Lilas-Rose Gilberti, Emma Besson, Christian Kmiotek, Serge Feuillard et Fred Personne.
De plus en plus de films commencent leur générique par la mention "D'après une histoire vraie". Aux côtés des "biopics", les faits-divers "célèbres" occupent largement les écrans.
Coutumier du fait, Vincent Garenq s'était précédemment intéressé à l'affaire Clearstream dans "L'Enquête" et au calvaire de l'un des accusés d'Outreau dans "Présumé coupable".
Avec "Au nom de ma fille", il revient sur une affaire qui avait marqué l'opinion, l'affaire Bamberski. Tout le monde, en effet, se souvient de cette histoire d'un père faisant enlever le docteur Krombach, le présumé assassin de sa fille que la justice allemande, de façon incompréhensible, ne souhaitait pas voir extrader.
"Au nom de ma fille" de Vincent Garenq est le récit clinique, précis, sans gras, de cette traque qui va devenir l'idée fixe d'un père inconsolable et qui frappera l'opinion, quand, pieds et mains liés, on retrouvera le docteur Krombach sur un quai de Mulhouse.
Contrairement à de nombreux films français traitant de faits-divers, Garenq et son scénariste Julien Rappeneau ont su éviter de s'attarder sur les "bonnes" scènes attendues qui fournissent de quoi faire plaisir aux acteurs. Pas d'épanchements, donc, à attendre de la part d'un cinéaste qui revendique avant tout la clarté et l'efficacité.
Sans craindre de multiplier les reconstitutions, de passer par le Maroc, la France, l'Allemagne ou l'Autriche, sans chercher à faire des ellipses sur les scènes d'instruction, de procès, de confrontations entre les différents protagonistes, il construit un récit didactique d'une force rare.
Seul contre tous, gâchant sa vie pour que la justice passe, Bamberski trouve en Daniel Auteuil un homme mûr et un comédien enfin accompli. C'est avec une digne sobriété, des explosions de colère et des périodes de découragement suivies d'espoirs insensés que le père meurtri poursuit son idée fixe.
Auteuil agrège autour du courage d'André Bamberski tous les autres protagonistes et l'une des qualités essentielles de Vincent Garenq est d'avoir su tous les diriger, leur donner à chacun quelque chose à jouer. Ainsi, dans le rôle du père de Bamberski, on retrouvera un court instant le grand Fred Personnne, dont se sera ici la dernière prestation.
"Au nom de ma fille" de Vincent Garenq est un film d'un beau classicisme à mille lieues de tout soupçon d'académisme et la force du cinéaste est d'y réussir sans s'épargner des scènes comme celles de procès ou d'instruction.
Garenq n'est pas un nouveau Cayatte mais s'inscrit dans la lignée de grands noms étasuniens. On pense ainsi à Sydney Lumet. Il faut retenir son nom, il a la trempe de ces cinéastes que les Petits Marquis des Cahiers du Cinéma appelaient avec condescendance d'"honnêtes artisans". Continuer à produire avec honnêteté des films aussi bien faits est tout ce que l'on lui souhaite. |