Comédie-vaudeville de Georges Feydeau mise en scène de Cédric Gourmelon, avec Gaël Baron, Guillaume Cantillon, Laure Catherin, Vincent Dissez, Mélanie Leray, Marie Payen, Anne de Queiroz, Christophe Ratandra et Hélène Schwaller.
Il y aura deux sortes de spectateurs à cette version années 1970 de "Tailleur pour dames". Ceux qui découvriront Feydeau pour la première fois ou n'auront pas l'âge d'avoir pu voir les séances d'"Au Théâtre ce soir" sur la défunte ORTF, et ceux qui auront été nourris à ces séances hebdomadaires de véritable "théâtre pour tous".
Les premiers auront la joie d'apprécier la mécanique comique déjà bien en place chez le jeune Feydeau. Les autres, à la vue du décor très années Pompidou de Mathieu Lorry-Dupuy, regretteront sans doute l'époque où Moulinaux et Bassinet auraient été interprétés par Michel Roux et Philippe Nicaud pendant que Yolande Folliot et Amarande auraient joué les jeunes femmes chics et les cocottes pimpantes.
Car les jeunes acteurs que met en scène Cédric Gourmelon n'ont évidemment pas l'abattage des vieux routiers des planches d'antan.
Voulant rendre hommage à Louis de Funès, il est contraint à les pousser vers la caricature, oubliant peut-être qu'à l'époque où le grand comique excellait, il avait plus de vingt cinq ans de métier derrière lui et qu'il ne s'aventurait que dans des pièces comme "Oscar" et que ses films prenaient pour canevas des comédies de boulevard qui n'avaient pas la folie et le brio des vaudevilles de Georges Feydeau.
De plus, ce tropisme vers les années où la télé découvrait la couleur, qui était déjà visible dans "Trissotin", l'adaptation des "Femmes Savantes" de Macha Makeïeff, nécessite des moyens qui manquent à Cédric Gourmelon. Du coup, on assistera avant tout à une belle illustration du texte de Feydeau qui permettra à un large public d'avoir un accès facile à une œuvre de qualité.
Hors de son contexte d'origine, elle aura cependant perdu toute dimension de critique sociale. En 2016, il est loin le temps où des metteurs en scène engagés voyaient en Feydeau un auteur quasi-marxiste.
On se contentera de rire souvent en louant la troupe entière des efforts qu'elle fait pour réussir à faire passer le maximum des effets comiques inventés par Feydeau. |