Né sous des auspices musicaux, Eddy La Gooyatsh compte quatre albums offerts au public, celui-ci est son cinquième trésor : Beaurivage. Pas de temps pour se lamenter sur son sort, seulement un peu sur le nôtre, là où il puise son inspiration pour ses multiples collaborations et ses créations du week-end.
Il travaille aussi la nuit puisque musique n’a pas de dieu ni de maître, c’est sans temporalité qu’elle s’est emparée des jeunes années d’Eddy La Gooyatsh pour l’inspirer quand il sera grand. De ses multiples rencontres, nous retiendrons sa prédilection pour la scène, les festivals, les premières parties… la musique donc, cette grande déesse insaisissable, à l’origine de tant de proses et de notes.
Son inspiration commence dans les tréfonds de ce qui fait tourner les têtes : ce satané sentiment à l’origine de nos comportements les plus louables comme les plus pleutres : le love avec un grand A. "Au temps des ritournelles et des baisers doux, du qu’en dira-t-on à ma langue au chat, au pas de deux, aux petits rats, au vent qui feint de n’être de passage, passe le temps, passe l’amour et la poésie" ("Madeleine").
Et oui mais l’amour c’est aussi injuste, fini et ça craint parfois : "Quand la vie n’est que piège et cœurs en pièces, faut-il encore aimer ? Comment s’éclipser, se cacher dans la lumière, jouer le dos tourné, ne pas faire de manière ? A quoi bon tout donner et mordre la poussière ?" ("Pièges et cœurs en pièces").
Mais nous sommes ce que nous serons, étudiés pour se relever et voir plus loin : "Pendant que les scandales peuplent les ombres, pendant que la grisaille tombe sur les ponts, on y pense, on refait le monde un peu plus rose" ("Le monde").
Eddy La Gooyatsh décrit ce qu’il voit et s’inspire de ce qu’on dit, de nos remarques faciles et nos jugements dociles pour en faire une vaste fresque de ce qu’on pense être teinté de ce que nous sommes vraiment : de grands animaux familiers utopistes, bercés aux légendes et blasés des tentatives de contrôle des libertés individuelles au nom du bien collectif.
Les notes durent et s’enlacent les unes aux autres dans un long ballet de goélands que l’écume n’éclabousse pas. Eddy La Gooyatch dépoussière un "Magnolias For Ever" d’une main de maître, lui enlevant toute niaiserie et crème beurrée, il y ajoute ses riffs pétillants et son timbre de crooner barbu à la mèche folle… sexy.
Au son d’amples cordes capables de faire vaciller le modjo qui réside là tout au fond, Eddy la Gooyatch a l’élégance rare des oiseaux migrateurs en plein vol. Il ponctue un ciel monotone de touches graphiques très distinguées. Ses guitares n’abusent pas de leur pouvoir ensorcelant, les accords filent gracieusement entre ses doigts, pour atteindre chaque sensibilité, enfouie ou à fleur de peau.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.