Spectacle conçu par Boguslaw Schaeffer et interprété par Marek Frąckowiak, Agnieszka Grzybowska et Waldemar Obłoza, accompagnés au piano par Michał Urbaniak.
La Pologne, la France, deux pays où "deux et deux ne font pas quatre". Avec un léger avantage pour la Pologne, en absurdie.
Promu par la Huchette, annonçant ainsi une nouvelle politique audacieuse, "MULTI-médiatique-TRUC", spectacle à nul autre pareil conçu par Boguslaw Schaeffer, mérite d’être découvert. Car rien n’est plus proche (ces fameuses courtes heures d’avion, qui ne veulent rien dire) et plus loin que ces anciens Pays de l’Est, séparés et inconnus.
Spectacle en polonais surtitré : c’est-à-dire une enfilade de z, de w, d’y. Mais l’attention vaut la peine prise. Deux clowns sérieux, échappés du Cabaret de Karl Valentin, tentent de monter quelque chose, conférence, pièce, colloque désespéré, face un public vaguement amorphe, que réveille une harpie universitaire qui les contredit et démolira définitivement le désordre des choses.
La beauté, proue d’un vaisseau ivre, doit porter le fer et dégonfler le discours moche, raisonnable, arbitraire du plus grand nombre, pire encore, crever l’œil unique du cyclope médiatique, qui capte et déforme.
Agnieszka Grzybowska, truculente, Marek Frackowiak et Waldemar Obloza, irrésistibles, ainsi que Michael Urbaniak servent cette partition folle. On rit, on jubile, on démolit, on convoque le public sur scène, comme au music-hall, pour se faire couper en deux dans la malle magique, non, pas tout à fait. On se décolle du réel convenu comme d’une méchante glu. Les ailes refont du vent. Bonheur.
Et puis ces diables de Polonais savent faire du théâtre, tirent sur une corde qui vient de loin, Théâtre yiddish, élite recouverte de terre, à Katyn, tradition d’insolence et d’irrespect distrait devant tous les envahisseurs. Alors, quel truc ! |