Gordon Gano is not dead ! Nous sommes en 2016 et les Violent Femmes sortent un nouvel album, le premier depuis 15 ans. Il paraîtrait même que c’est un bon album…

Honnêtement, que peut-on vraiment espérer d’un groupe dont le premier album est paru il y a 33 ans et qui a sorti un Best Of en 1993, c’est-à-dire il y a 23 ans ?

La moindre tentative d’innovation sonnerait aux oreilles des fans comme une horrible trahison. A l’inverse, un album dans la même veine que ce qu’on connaît déjà, paraîtrait forcément inutile, déjà vu, sans inspiration. Dans tous les cas, on dira qu’ils avaient besoin de renflouer les caisses, on se dira que c’était quand même mieux avant et on ira quand même payer 60 euros pour les voir jouer cet été au festival du coin en buvant une bière tiède à 4 euros au milieu d’un public distrait et morose qui sera là uniquement pour voir Louise Attaque ou Les Insus.

Et bien figurez-vous que cet album, We can do anything, est bien au-dessus de toutes ces considérations cyniques. Et il est même franchement pas mal, c’est dire. Déjà parce qu’il sonne bien, d’un son râpeux et acoustique qui ne cherche pas à être autre chose que ce qu’il est. Même la voix de Gordon Gano sonne comme au premier jour, nasillarde, gémissante et gouailleuse. La musique est basée comme toujours autour du trio guitare folk - basse - batterie. Les petits ajouts de guitare électrique, de piano ou d’accordéon sont les bienvenus pour amener des petites touches de couleurs par-ci par-là. Mais la petite cerise de l’album, c’est la place des chœurs sur une bonne partie des morceaux, graves et déjantés, façon chanson de marins, entre la folie des Tiger Lillies et de certains Tom Waits.

Avec ces 30 minutes de punk acoustique ou de folk déjanté, selon le point de vue, le groupe de Milwaukee semble vouloir nous dire qu’ils n’ont pas encore un pied dans la tombe ou qu’en tout cas, celui restant leur sert à taper violemment sur le sol pour battre le tempo en hurlant leur joie de vivre et leur amour du rock.