Comédie dramatique écrite et mise en scène par Jean-Luc Jeener, avec Benoit Dugas, Valentin Terrer, Pierre Sourdive, Martine Delor, Syla de Rawsky, Melody Mourey, Pierre Bes de Berc, Romain Hericotte et Olivier Bruaux.
Dans un pays, qui pourrait être la France, l'ordre a été rétabli par l'armée après une terrible guerre civile engendrée par les "méfaits" de la démocratie. Porté à la tête de l'Etat, son commandant suprême entend désormais gérer le pays en tyran juste.
En d'autres termes, selon un régime de despotisme éclairé, un pouvoir fort étant nécessaire pour soutenir une action politique orientée vers le bien de la cité qui procèderait de la soumission de la politique à la morale. Ce qui renvoie aux grands débats de science politique récurrents depuis l'Antiquité.
Tout comme son deuxième dogme consacrant la primauté de la morale qui régirait également la justice, celle-ci n'étant plus subordonné à la raison et au droit mais à la conscience ce qui entraîne la suppression de toute sanction pénale, la peine consistant à vivre avec la conscience de l'acte commis.
En revanche, la peine de mort, avec exécution immédiate sans procès, serait rétablie et s'appliquerait au terme d'un jugement de la personne qui évoque la psychostasie chrétienne mais effectuée en temps réel sur le vivant. Car la faute doit être pardonnée dès lors que le péché est consubstantiel à l'homme alors que l'homme sans conscience et sans humanité doit être éliminé.
Telle est le cadre dans lequel s'inscrit la pièce de politique-fiction, "Le Tyran juste", écrite et mise en scène par Jean-Luc Jeener qui explore cette utopie ou contre-utopie par la pratique d'une rhétorique de haut vol dans une partition qui se conclut en apothéose par une confrontation du Bien et du Mal propre à controverses et polémiques notamment dans un monde dépourvu de transcendance.
Sur scène, tout l'enjeu ce captivant opus repose sur un trio de comédiens excellents et aguerris : Pierre Sourdive, celui qui entend exercer le pouvoir pour le meilleur et avec les meilleurs, BenoÎt Dugas, le bras armé, un juste qui connaît le prix et le poids du péché, et Valentin Terrer en figure du mal absolu.
Et le dénouement ne clôt pas le débat. |