Comédie dramatique de Harold Pinter, mise en scène de Carole Proszowski, avec Séverine Saillet, Hakim Djaziri et Fabien Leca.
Emma tient une galerie d’art. Son mari Robert et le meilleur ami de celui-ci, Jerry, avec qui elle a entretenu une longue liaison, sont eux dans le monde de l’édition. "Trahisons" raconte sur neuf années l’évolution des sentiments dans ce triangle amoureux.
On connaît bien l’écriture à la fois elliptique et incisive du dramaturge anglais Harold Pinter qui distille au fil des scènes sa petite musique et propose au spectateur de se faire son propre point de vue. La chronologie inversée renforce l’étrangeté de ce récit dont la proposition du Collectif Le Point Zéro mise en scène par Carole Proszowski est une excellente surprise.
Une scénographie composée de cubes blancs lumineux et de plaques de plexiglas translucides en fond de scène derrière lesquelles avant chaque rencontre, des préludes dansés expriment la psychologie des personnages.
Les cubes changent de position et s’imbriquent d’une scène à l’autre, tout comme les scènes s’imbriquent entre elles, changeant l’interprétation qu’on peut en faire à tout moment et donnant à ces affrontements une tonalité envoûtante et complexe que restitue bien la mise en scène aussi originale que dense de Carole Proszowski qui dirige au cordeau un trio de comédiens magnifique qu’on suit avec grand intérêt.
Puissant et prenant d’un bout l’autre, "Trahisons" tient le spectateur captivé. L’engagement autant physique que psychique des trois excellents protagonistes au diapason, Séverine Saillet, Fabien Leca et Hakim Djaziri, force l’admiration et l’intelligence ainsi que l’audace de ce spectacle, en tous points parfaits, en font une incontestable réussite. Du très bon Pinter ! |