Spectacle conçu par Fragan Gehlker, Alexis Auffray et Maroussia Diaz Verbèke et interprété par Fragan Gehlker et Alexis Auffray.
Accédant de façon insolite à la salle du Monfort, le public y pénètre en passant par le jardin puis en traversant les coulisses où, après chaque pancarte croisée, il sait qu’il va assister à un spectacle différent.
Les câbles apparents, et autres éléments de machinerie rendent compte de l’envers du décor, on découvre la salle comme jamais et l’on peut réaliser sa hauteur incroyable et vertigineuse.
Au milieu de celle-ci, une piste circulaire où seules une demi-douzaine de cordes pendent du très haut (17 mètres) de la salle où, en silence et longuement, un jeune homme en tee-shirt (Fragan Gehlker) s’affaire. Celui-ci, sans se soucier des spectateurs qui se sont déjà presque tous installés sur une des six rangées de gradins qui entourent la piste, essaie désespérément d’empiler des allumettes de mousse afin de construire une plateforme d’atterrissage.
Accompagné par un trublion cocasse à l’impatience manifeste (Alexis Auffray) qui s’occupe de l’accompagnement sonore soit en jouant du violon, soit en déplaçant des postes de radio ou des amplis avec agacement, le jeune homme tente des montées le long des cordes qui toutes bientôt, se cassent ou se détachent. Alors il ne reste plus qu’à escalader pour atteindre la trappe du toit ouvrant sur le ciel, se suspendre aux montants de la passerelle qui surplombe la scène ou grimper de pont en pont.
Et le miracle a lieu : l’homme semble avoir vaincu le vide, danse quelques secondes dans les airs et redescend. Pour recommencer encore et toujours cette lente ascension sans fin.
La belle idée de final où Alexis Auffray sur des rollers fait le tour de la piste à toute allure, tenant des pancartes qui disent toute la philosophie du trio sur sa musique jouée en boucle est un moment intensément dramatique et réussi. Salut et applaudissement. Mais alors que le public commence à quitter le théâtre, Fragan Gehlker se met à reprendre inlassablement ses tentatives…
Montrer toute la "cuisine" d’un spectacle, tout son côté artisanal et ses moments fragiles, c’est sans doute ce qu’ont voulu faire avec "Le vide-essai de cirque" Fragan Gehlker (acrobate à la corde), Alexis Auffray (à la création musicale et à la régie de piste) et Maroussia Diaz Verbèke (à la dramaturgie) : proposer un essai d’un travail toujours mouvant plutôt qu’un show bien rôdé, un objet indistinct entre la performance et le "work in progress", un moment en tout cas particulièrement envoûtant et durablement interpellant. |