Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Je suis Fassbinder
Théâtre de la Colline  (Paris)  mai 2016

Comédie dramatique de Falk Richter, mise en scène Stanislas Nordey et Falk Richter, avec Thomas Gonzalez, Judith Henry, Éloïse Mignon, Stanislas Nordey et Laurent Sauvage.

Comparaison est-elle raison ? Dans "Je suis Fassbinder", Falk Richter entend comparer la situation décrite dans le sketch tourné par Fassbinder dans le film collectif "Un Allemagne en automne" (1978) avec ce qui se passe aujourd'hui en Allemagne réunifiée sur la question des migrants.

Tout commence par une reconstitution plutôt amusante de la scène du film entre Rainer Werner Fassbinder et sa "vraie" mère, cette fois entre Stanislas Nordey et son complice Laurence Sauvage. Nordey joue "Rainer" et Sauvage sa "mère".

Dans l'extrait choisi, Falk Richter ne situe pas le contexte de 1977, celui de la RFA en pleine lutte contre ses démons à la suite du "suicide" contestée des principaux membres de la Bande à Baader dans leur prison de Steinheim suivie, en rétorsion, de l'assassinat du patron des patrons allemands, Hans Martin Schleyer, au passé douteux.

Dès lors, quand il extrapole avec aujourd'hui et la remontée supposée du "fascisme", sans tenir compte des conditions socio-économiques et géopolitiques différentes, on peut lui reprocher un certain manichéisme, rendue encore plus voyant dans la traduction française avec l'irruption des deux mots magiques pour ceux qui sont sur cette ligne : "Le" et "Pen"

Si la pièce est plutôt plaisante dans son côté "hommage" à Fassbinder, avec notamment de jolis intermèdes très fassbindériens chantés par Thomas Gonzalez, un singulier moment où les cinq protagonistes sont en longue robe verte en train d'interpréter le même monologue de Petra Van Kant, on est moins convaincu par le passage où Judith Henry est métaphoriquement "l'Europe des 28" et par la tirade finale de Stanislas Norday.

Entre Chaplin dans son discours du "Dictateur" et le "Moi président" de François Hollande, Nordey délivre une parole qu'on pourrait qualifier de "gauche sociétale" , où l'accent est porté sur la xénophobie, l'homophobie et le sexisme, pour oublier totalement la dimension sociale, voire même à la rejeter dans le "populisme" honni. Il y considère la démocratie libérale comme le "moins pire des systèmes", bien loin de l'anarchisme révolutionnaire qui caractérisait Fassbinder.

S'il fournit ce qu'il désire à un public acquis, on se demandera s'il n'y a pas une déontologie du théâtre public, qui l'obligerait à une certaine réserve, du moins à ne pas s'acharner sur une bonne moitié des électeurs-contribuables au nom d'une conscience citoyenne prétendument éclairée. On aimerait qu'il essaie de convaincre artistiquement les "méchants populistes", au lieu de les rejeter commodément dans les bras de la dite "bête immonde".

Avec sa barbichette et sa tenue tout en noir, Nordey croit jouer "Rainer". On a plutôt l'impression qu'il est "Jean-Pierre" (Mocky) dans "Le Mari de Léon". Quitte à jouer un réalisateur de cinéma, ce qu'il fait pour la première fois, on lui conseillerait de choisir l'auteur d' "Y a-t-il un Français dans la salle" ou d' "Une nuit à l'Assemblée nationale" qui sont, finalement, des films plus dans le sens de l'Histoire actuelle que "L'Allemagne en automne", "home movie" viscéral, mais anecdotique de Fassbinder.

Reste que ce retour à un théâtre politique, prêtant forcément le flanc à beaucoup de critiques de fond, n'est pas inintéressant dans ses excès et dans ses questionnements.

Par ailleurs, on n'est pas mécontent de voir sur des écrans vidéos quelques moments de l'oeuvre du plus grand cinéaste allemand de l'Allemagne post-hitlérienne avec Werner Herzog.

Comme "L'âme rongée par des foutues idées" de Guillaume Lambert, "Je suis Fassbinder" de Falk Richter restera comme une date dans l'effervescence de 2016, productrice à coup sûr d'un certain nombre d'idées qui vont désormais traverser le 21ème siècle.

 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 19 mars 2023 : Motion de culture

Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.

Du côté de la musique :

"Your mother should know, Brad Mehldau plays the Beatles" de Brad Mehldau
"Soul tropical" de David Walters
"Embers" de Embers
"Le courage" de Julie Rey et Adrien Desse
"Nuit blanche" de Anodine
"Désequilibre" de Bilbao Kung Fu
"Elements" de Foehn
"La Sagrada" de Natalia Doco
"Red cloud" de Red Cloud
"Isla" de Simon Moullier
et toujours :
"Sound of Eymet" de Adrien Chicot
"O futuro é mais bonito" de Anna Setton
"Vertigo" de Bipolar Club
"W.A. Mozart : The prussian quartets" de Chiaroscuro Quartet
"Principia" de En Attendant Ana
"Charivari" de Marcel
"111" de One Shot
"A very big lunh" de Papanosh
"Brothers & Sisters" de Steve Mason
"Screamers" de Treponem Pal

Au théâtre :

les nouveautés de la semaine :
"Dans la solitude des champs de coton" à l'Espace Cardin
"House" au Théâtre de la Colline
"Oeuvrer son cri" au Théâtre de la Cité Internationale
"Le silence et la peur" au Théâtre de la Colline
"Tom na Fazenda" au Théâtre Paris-Villette
"Petites histoires de la démesure" au Théâtre Les Déchargeurs
"Apocalipsync" au Théâtre du Rond- Point
"Weber à vif" à La Scala
"HPNS" au Théâtre La Reine Blanche
"Marée haute" au Théâtre Le Lucernaire
"Rémi Larrousse - Confidences d'un illusionniste" au Théâtre Le Lucernaire
"Opération Kortex" à La Folie Théâtre
"Patricia Lelouebec - Sauver le monde" au Théâtre Les Déchargeurs
"La Langue des Cygnes au Théâtre 71 à Malakoff
les reprises :
"Nagasaki" au 100ECS
"Maupassant, Octave et moi" au Théâtre de Poche-Montparnasse
"Maya, une voix" au Lavoir Moderne Parisien
"Al Atlal, chant pour ma mère" au Théâtre 14
et une sélection des autres spectacles à l'affiche

Expositions :

"Giovanni Bellini - Influences croisées" au Musée Jacquemart-André
dernière ligne droite pour :
"Capitales" à l'Hôtel de Ville de Paris
"Yves Klein intime" à l'Hôtel de Caumont
et les autres expositions à l'affiche

Lecture avec :

"Les nageurs de la nuit" de Tomasz Jedrowski
"Les grands ministres de Habsbourg" de Jean Paul Bled
"Le petit roi" de Mathieu Belezi
"Il ne doit jamais rien m'arriver" de Mathieu Persan
et toujours :
"Un paradis en enfer" de Rebecca Soinit
Rencontre avec Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Coven" de Taous Merakchi & Da Coffee Time
"Les autres gens ne sont pas des gens comme nous" de J.M. Erre
"Le passager" de Cormac McCarthy
"La guerre sainte de Poutine" de Sébastien Boussois & Noé Morin

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=