"Le reste de leur vie", cela ne vous évoque rien ? Non ? Cherchez bien dans vos souvenirs d"enfance, à condition que vos parents ne soient ni adeptes des pédagogies constructivistes ni ne militent contre la société hétéronormée. Oui, bien sûr, il s'agit de l'épilogue des contes de fées : ils se marièrent et vécurent heureux le reste de leur vie.
Ainsi, Jean-Paul Didierlaurent annonce-t-il immédiatement la couleur de son deuxième opus, celui du conte pour grandes personnes qui s'inscrit dans le genre "romance et littérature sentimentale".
Mais comme ce lectorat est perméable au rationalisme et à l'angélisme, il n'y a ni sorcières, ni méchants mais une déferlante de bons sentiments sur fond de documentaire sur la thanatopraxie.
En effet, ainsi qu'indiqué dans la page "remerciements", l'auteur a effectué un stage chez un ami thanatopracteur au terme duquel il est revenu "plus vivant que jamais" ce qui lui a inspiré le roman et surtout de longues et récurrentes pages sur les soins de conservation.
Par ailleurs, il ne se démarque pas du registre initié avec son premier roman, "Le liseur du 6h27",
révélation éditoriale 2015 qui avait surpris et enchanté le lecteur avec sa romance en forme d'ode à la littérature tout en ne laissant pas prévoir à ce dernier qu'il entendait s'y positionner.
Donc soient deux coeurs solitaires. Pour le "héros" ce n'est plus le nom mais le métier de thanatopracteur, qui, s'il est vocation et source de sérénité, constitue un obstacle aux relations amoureuses, et "l'héroïne" n'est pas une dame-pipi mais une aide-ménagère pour personnes âgées qui ne conçoit pas son travail comme un sacerdoce auquel elle se consacre au détriment de sa vie personnelle.
Il aime les morts et a une mémé-gateau spécialiste des kouignettes qui l'accompagne dans une mission en Suisse. Elle aime le troisième âge et a un client privilégié gravement malade qui se rend en Suisse pour bénéficier d'une euthanasie. Ils sont faits pour s'aimer. Point d'obstacle ni de suspense.Tout est dit.
Ainsi Jean-Paul Didierlaurent vogue-t-il dans le sillage du yacht Lévy et du hors-bord Musso. |