Biopic théâtral conçu par Martine Loriau et Dominique Touzé d'après les Confessions de Saint-Augustin, interprété par Dominique Touzé et Guillaume Bongiraud dans une mise en scène de Dominique Touzé.
Celui que les auteurs du spectacle "Augustin passe aux aveux" nomment familièrement par son prénom n'est pas un homme ordinaire mais Augustin de Thagaste, plus connu sous le nom de Saint Augustin, philosophe et théologien chrétien ayant vécu au 3ème siècle reconnu Docteur de l'Eglise et canonisé au 13ème siècle.
Que le spectateur se rassure même s'il n'en connaît pas le contexte historico-théologique et n'est pas versé en théologie car, s'ils se sont inspirés de la nouvelle traduction effectuée par Frédéric Boyer de ses "Confessions" narrant sa conversion religieuse, Martine Loriau et Dominique Touzé ont conçu une partition théâtrale originale non seulement destinée au commun des mortels mais totalement jubilatoire qui ressort à l'épopée.
En effet, elle relate l'itinéraire initiatique d'un blanc-bec, lettré arrogant et présomptueux doublé d'un débauché notoire, qui, après avoir constaté la vacuité de son existence, va, de Carthage à Rome et de Cicéron à Ambroise de Milan, opérer un revirement existentiel radical pour se confronter à la révélation et se consacrer à "un amour sans mesure" et à "un accouplement au-delà de la jouissance" avec l'entité divine.
Et si le Dieu gainsbourien est un fumeur de havanes, le Jésus Christ de Saint Augustin est un violoncelliste, en l'occurrence incarné par le musicien Guillaume Bongiraud qui signe la composition des intermèdes dispensés en live.
Usant du violoncelle de manière roborative, il abandonne le classique vibrato plaintif de cet instrument au profit de superbes morceaux samplés et le transforme en guitare ou en caisse percussive pour des interventions intégrés dans l'opus qui ne sont jamais habillage musical.
Derrière une barre de tribunal qui, au gré des pérégrinations augustiennes, se métamorphose en tribune politique ou chaire d'église, avec la verve du tribun, la faconde du conteur et le charisme du showman, et une belle dose d'humour pince-sans-rire, Dominique Touzé réussit une superbe et intemporelle incarnation.
Ainsi, avec l'éloquence qui résulte de la maîtrise de la rhétorique à laquelle il a été formé, Augustin bat sa coulpe, s'enflamme au récit de ses pérégrinations et à l'évocation truculente de sa sainte mère Monique, une pieuse pleureuse invétérée qui aura également les honneurs du calendrier grégorien. S'il était né au 20ème siècle, sans doute aurait-il été un prédicateur pénitent étasunien.
La compagnie auvergnate Wakan Théâtre a eu raison de monter à Paris avec cette singulière et lumineuse pépite au format court de 1h10. Plus serait de la gourmandise. |