Comédie dramatique de Ödön von Horváth, mise en scène de Christophe Rauck, avec Jean-Claude Durand, Caroline Chaniolleau, John Arnold, Cécile Garcia Fogel, Jean-François Lombard, Marc Chouppart, Marc Susini, Flore Lefebvre des Noëttes, Pierre-Henri Puente, Guillaume Lévêque et Nathalie Morazin.
"Figaro divorce", comédie noire de Ödön von Horváth, constitue un quatrième mousquetaire dramaturgique mettant en scène l'emblématique valet créé par Beaumarchais transplantée, et exilée, dans l'Allemagne des années 1930.
Toutefois, sa partition diffère considérablement dès lors que sa langue est moins brillante que celle du 18ème siècle pratiquée par l'Arlequin rouge et que le drame bourgeois a cédé le pas à une comédie naturaliste empreinte du pessimisme historique de son auteur.
Après la chute du régime monarchique, Figaro et Suzanne suivent leurs maîtres-employeurs le comte d'Almaviva et son épouse dans un exil forcé. Ceux-ci ayant dépensé inconsidérément leur maigre pécule pour satisfaire aux besoins de leur standing, Figaro reprend son ancien métier et, faisant fi de ses anciens principes progressistes, s'installe comme barbier-coiffeur dans une ville de l'arrière pays pour tenter de se fondre à la petite bourgeoisie locale mais où il se trouve confronté en sus de l'ostracisme ambiant à une crise de couple.
Avec sa contextualisation dans les années 1960, une mise en scène placée sous le signe du mouvement perpétuel par d'incessants changements scénographiques à vue sur un plateau nu et l'intervention de la musique avec la pianiste Nathalie Morazin et le chant, en solo par une voix atypique, celle du ténor hautecontre Jean-François Lombard, ou en choeur, Christophe Rauck signe une mise en scène qui use des tropismes d'un de ses homologues au prénom homonyme, Christoph Marthaler.
Par ailleurs, le spectacle est saturé de projections de photos et d'images d'archives, et de captations vidéo en direct, procédé récurrent des mises en scènes contemporaines, dont la valeur ajoutée laisse dubitatif. Cela étant, le quatuor principal est bien soutenu par l'interprétation respective de Jean-Claude Durand (Almaviva), Caroline Chaniolleau (la comtesse), John Arnold (Figaro) et Cécile Garcia Fogel (Suzanne) nonobstant sa scansion antinaturelle.
Et, comme dans le théâtre de troupe, chacun des autres comédiens campe au moins un personnage qui le distingue : Flore Lefèbvre des Noëttes, en exubérante sage-femme, Guillaume Lévêque, le garde-forestier coureur de jupons, Marc Susini, le bijoutier, Marc Chouppart, le jardinier et Pierre-Henri Puente, le boucher.
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