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Arthur Harari  (Paris)  juin 2016

Réalisé par Arthur Harari. France. Drame. 1h55 (Sortie le 8 juin 2016). Avec Niels Schneider, August Dieh, Hans Peter Cloos, Abdel Hafed Benotman, Raphaële Godin, Raghunath Manet, Jos Verbis et Guillaume Verdier.

Si l'on considère "Diamant noir" d'Arthur Harari comme un film policier, il faudra remonter très loin dans le temps pour trouver une œuvre de pareille qualité dans le cinéma français. On citerait bien "Série Noire (1979) d'Alain Corneau ou le méconnu "Poussière d'ange" (1986) d'Edouard Niermans.

En tout cas, "Diamant noir" navigue très au-dessus de la production courante francophone à la fois par ce qu'il raconte et par sa manière de le raconter.

Pour son premier long métrage, Arthur Harari ne s'est pas perdu dans la trivialité de l'autobiographie mais s'est lancé dans le cinéma de genre, sans doute en y semant beaucoup de petits cailloux d'histoire personnelle.

Car ce qui frappe d'emblée dans son film, c'est le besoin d'amour familial dont souffre son personnage principal, Pier... Pier, le bien-nommé puisque tout son destin tourne autour des pierres précieuses.

Pour construire ce qui va prendre forme de "polar", avec casse minutieux à l'ancienne, Arthur Harari prend des chemins apparemment très détournés faisant référence aux plus grands romanciers.

On pense évidemment à Dickens et à Dumas : Dickens, pour le petit monde des voleurs auquel Pier doit sa survie, avec le beau personnage fort et inquiétant de Rachid, joué par Abdel Hafed Benotman ; Dumas, pour cette vengeance à la Monte-Christo que semble ourdir Pier quand il reprend pied dans la famille Ullmann.

Comme tous les grands films du genre, "Diamant noir" d'Arthur Harari est aussi l'étude presque documentaire d'un milieu, en l'occurrence celui des diamantaires et plus précisément des tailleurs de diamant d'Anvers. Une étude qui porte en elle le ferment du récit, car Pier, fasciné, envoûté, apprend le métier, celui de son père, et celui qui est responsable de tous ses malheurs...

Cette dimension familiale enserre l'histoire de ses nœuds coulants fatidiques, d'autant plus que Pier élevé par un truand arabe découvre sa judaïté. Pour ce presque encore enfant longtemps laissé à lui-même, retrouver une identité, une identité au surplus rejetée par son propre père, ce n'est pas source d'apaisement mais d'une nouvelle angoisse.

Alors qu'il fait son trou dans la famille Ullmann, au point d'être en passe d'en devenir le chef, le voilà pris dans les inextricables méandres d'une vengeance qu'il ne veut plus accomplir, d'une fidélité ancienne qui n'a plus de sens...

"Diamant noir" d'Arthur Harari est une œuvre d'une belle complexité où s'entremêle énormément d'éléments contradictoires. Les pistes explorées ne mènent pas forcément là où on croyait et le film ne s'achèvera pas comme son déroulé logique le laissait supposer.

Pour parvenir à cette alchimie mystérieuse, Arthur Harari a choisi des acteurs formidables qu'il a su transcender. Ce qu'il obtient, par exemple, de Nils Schneider est extraordinaire.

Ce jeune homme, jusqu'alors plus "photo de mode" qu'acteur de cinéma, porte le film sur ses épaules. Pour cela, il semble méconnaissable. Les cheveux en arrière, vraisemblablement teints en noir foncé, il a perdu de son assurance, paraît presque maladif, en tout cas fiévreux et déterminé. Ce qu'il fait dans le film le classe illico parmi les grands comédiens.

Grands comédiens qui sont nombreux à lui donner la réplique, à commencer par Hans Peter Cloos et August Diehl, mémorable dans "Inglorious Besterds" de Tarantino. Harari, excellent directeur d'acteurs, a aussi eu la bonne idée de retrouver l'excellente Raphaële Godin vue chez Mocky et Brisseau et que le cinéma français ferait bien d’utiliser davantage.

Chaque rôle est écrit : on oubliera pas l'apaisante présence de Raghanut Manet ni le destin tragique de Guillaume Verdier et la haute figure héroïque d'Abdel Hafed Benotman.

Film dense, riche, généreux, "Diamant noir" d'Arthur Harari, petit-fils du grand Clément Harari à qui il rend un joli hommage en se servant de son portrait pour en faire le fondateur de la dynastie Ullmann, est une œuvre marquante.

Il ne faut pas passer à côté. Ceux qui avaient vu les courts métrages d'Arthur Harari auront confirmation qu'un cinéaste a pris son envol avec ce long métrage.

On attend désormais de lui qu'il s'épanouisse sans se soucier de la hargne jalouse d'un Desplechin qui a dit lors des "Premiers plans d'Angers" "haïr" ce film, ce qui est plus qu'un bon signe. Désolé, Arnaud, on aime ce film, on l'aime énormément...

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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