Comédie dramatique de Olivier Sourisse, mise en scène de Quentin Defalt, avec Sylvia Roux et Thomas Lempire.
Première pièce jouée d’un nouvel auteur qui compte déjà. Le titre accroche, d’emblée. Le g doux évoque l’avalanche, le "vengeur". Le g dur, le vent et la guerre. Stavanger, escale norvégienne de l’Express côtier, survient comme un nom de code. Est-ce un Thulé imaginaire ? Le nom, choisi simplement pour sa sonorité, d’un débarcadère de neige ?
Un soir, une avocate "lancée", maître Bernstein, Florence pour ceux dont elle accepte de faire des intimes, ramène chez elle un jeune homme qui voulait se jeter sous le train.
Vulnérable, maladroit, impressionné par le décor et le champagne qu’elle débouche, amusée, séductrice, Simon résiste au charme, à la griserie, à la danse d’approche de la jeune femme. Puis, emportés par la nuit, les deux réfugiés du port d’angoisse, acceptent de décliner leur identité, de révéler leurs blessures, de se mettre à nu. La réalité fléchit, l’aube attend, la vérité s’invite, voyeuse, narquoise.
Tout, même l’impossible, peut surgir : Un voyage à Stavanger, rêvé ou réel, avec ou sans corps, comme on part tout à coup, avec ou sans bagage ?
Au service du texte puissant, poétique, étonnant, au sens premier du terme, d’Olivier Sourisse, la mise en scène de Quentin Defalt (assisté d’Alice Faure et d’Agnès de Palmaert) choisit la délicatesse, la suggestion, "l’entre deux mondes", éclairée par les lumières inventives d’Olivier Oudiou et les sonorités de Ludovic Champagne.
Deux comédiens portent l’œuvre d’Olivier Sourisse avec l’autorité du métier et la foi dans le choix de ce texte : Sylvia Roux incarne Florence, inventant sa métamorphose, montant en puissance comme on monte en voix, troublante, tandis que Thomas Lempire s’empare du rôle du jeune désespéré, tout à la fois pas assez du monde et voulant en découdre avec le passé. L’échange émeut, secoue, ravage.
Audacieuse, moderne, "Stavanger" ouvre un tunnel de lumière, naissance violente d’une invention du monde. Danger : beauté. |