Spectacle conçu et interprété par les 26000 couverts
La troupe les 26000 couverts répète un nouveau spectacle de rue dans la grande salle du théâtre de La Villette. Ce spectacle a beau avoir un nom, "A bien y réfléchir, et puisque vous posez la question, il faudra quand même trouver un titre plus percutant" répondent-ils à la chargée de communication du théâtre venue annoncer le spectacle.
C'est une sortie de résidence alors tout n'est pas parfait pour cette première représentation publique : le texte n'est pas totalement abouti, la musique pas terminée, les effets pyrotechniques ne peuvent être montrés à l'intérieur du théâtre pour des raisons de sécurité... mais ça permet au public et aux officiels présents dans la salle de se faire une première idée du résultat.
On commence avec les morts absurdes, avant d'évoquer les rituels funéraires. On abordera ensuite le sujet des trompe-la-mort. Enfin une grande procession funèbre et musicale s'élancera à travers la ville, grande célébration de l'absurdité de la mort pour cette troupe de rue. Certes la marionnette n'est pas terminée mais elle doit être plus grande que le géant du Royal de Luxe.
Avant de mettre un terme à la représentation, il faut aussi profiter de la présence des officiels dans la salle pour montrer le spectacle pour enfants sur le recyclage, dans lequel M. Pinpin le lapin invite une dame hérisson à dîner. Puis vient le débat avec le public, mais le metteur en scène s'était travesti pour ne pas être reconnu. Enfin s'agit-il vraiment du metteur en scène ? Fausse répétition générale, vraie représentation, intrigues à tiroirs, tout est prétexte à un festival de situations absurdes et extrêmement drôles. Avant de perdre totalement le spectateurs dans leurs élucubrations, on pense à l'héroïne Lucy des romans de Marc Behm ("Et ne cherche pas à savoir, Crabe") ou à la série "Dead Like Me" pour l'humour absurde sur la mort. Ensuite, par le système de mise en abyme, la manière de tordre les conventions, le jeu sur les clichés du théâtre de rue et les concessions du théâtre subventionné, les 26000 couverts explorent avec talent divers registres de jeu et montrent leur maîtrise de l'occupation du plateau. Au final, malgré quelques longueurs dues à des répétitions de situation, on rit très souvent aux éclats dans cette comédie absurde, à apprécier au premier, second, troisième degré... Et plus si affinité. |