Réalisé par Antonin Peretjatko. France. Comédie. 1h39 (Sortie le 15 juin 2016). Avec Vincent Macaigne, Vimala Pons, Pascal Légitimus, Mathieu Amalric, Fred Tousch, Rodolphe Pauly, Jean-Luc Bideau Jean-Luc et Pascal Tagnati.
Le précédent film d'Antonin Peretjatko, "La Fille du 14 juillet", était un irritant à "la manière de Jean-Luc Godard" et son n'importe quoi bourré de tous les clichés Nouvelle Vague qui se voulait "énaurme" pouvait laisser de marbre.
Ce ne devrait pas être la moindre des qualités de ce second long métrage que de réussir à conquérir une grande partie des grognons n'ayant pas ri à ce que d'autres avaient déjà trouvé drolatique.
Cette fois-ci, on devra l'admettre : "La Loi de la jungle" d'Antonin Peretjatko n'est pas qu'un film parodique parsemé de nombreuses outrances et préférant la caricature à la critique sociale. Ce film tient en effet les promesses de son titre : ici, c'est bien la jungle qui impose sa loi, une jungle guyanaise filmée formidablement par Simon Roca et constituant pour les acteurs une vraie épreuve physique.
Il y a quelques mois, on avait dit très grand bien de "La Vie pure" de Jérémy Banster, qui racontait l'expédition tragique de Raymond Maufrais au cœur de la forêt guyanaise. "La Loi de la jungle" d'Antonin Peretjatko pourrait être la version comédie de ce très beau film dramatique.
Certes, la vision du genre par Antonin Peretjatko est gratinée et on le sent plus proche des rois du nanar à la française, que de la "screwball comedy" hollywoodienne rendue immortelle par Lubitsch ou Mac Carey.
"La loi de la jungle" pourrait assez facilement se définir comme un nanar godardien dans lequel il y aurait aussi une belle référence aux meilleures associations Belmondo-De Broca. On y retrouva, par exemple, beaucoup de l'atmosphère de "L'homme de Rio" et du "Magnifique".
Là encore, faire que le couple Vincent Macaigne-Vilama Pons tienne la route et la comparasion avec Bébel-Dorléac ou Bébel-Bisset, est un sacré compliment à faire au réalisateur et aux deux acteurs de "La Loi de la jungle".
Payant de sa personne, les pieds constamment dans la boue et le reste du corps dans des tas de mauvaises situations, Vincent Macaigne fait enfin autre chose que de pleurer sur ses ex-copines qui lui ont préféré un beau gosse. Pareillement, Vimala Pons confirme qu'elle est la bonne surprise du cinéma français, capable d'oser tout, clope au bec, en liane sexy et rigolote.
À leurs côtés, "La Loi de la jungle" d'Antonin Peretjatko est peuplé de personnages farfelus joués par des acteurs que l'on qualifiera d'excentriques, dans la descendance de ceux que le public du cinéma du samedi-soir plébiscitait.
On saluera évidemment Jean-Luc Bideau et Fred Tousch et l'on saura gré au réalisateur d'avoir su utiliser le jazzman Thomas de Pourquery ainsi que Rodolphe Pauly et Pascal Tagnati.
En contrepoint, on regrettera peut-être que Mathieu Amalric et Pascal Légitimus ne fassent que nombre dans cette farce épique qui navigue en pirogue dans de sublimes paysages, même si elle traverse parfois quelques bourbiers de gags éculés. C'est la rançon d'un cinéma qui s'aventure loin des sentiers battus de la petite comédie à la française.
"La loi de la jungle" d'Antonin Peretjatko est un film réjouissant qui, une fois acceptée sa fantaisie délibérément anti-réaliste, fournit un spectacle à la fois hilarant et dépaysant. |