Printemps 2001. Concert de Mendelson sur la Guinguette Pirate, désormais rebaptisée Dame de Canton. Pascal Bouaziz commence son concert avec ces mots (de mémoire) : "Cet hiver, il y a eu des drames. Il y a eu les inondations, et des morts. Mais le pire drame, ça a été que le concert de Mendelson a été annulé. Réjouis-toi, aujourd'hui nous sommes-là et nous allons faire la fête. Notre première chanson s'appelle "Le Brouillard". Quinze ans plus tard, Paris subit les crus de la Seine, les quais sont inondés. Pascal Bouaziz ne joue plus sur une péniche mais à la Maison de la Poésie.
Certaines choses ont changé depuis Quelque Part, d'autres non. "L'Ombre" (2016) : "Regarde sur le trottoir de ta vie" vs. "Monsieur" (2000) : "C'est très sale par la fenêtre, tu regardes les voitures et tu t'arrêtes". "Encore Envie" (2016) : "J'ai comme envie de prendre ta main et de m'endormir contre toi. J'ai comme envie de vivre" vs. "Katherine Hepburn" (2000) : "La nuit je la regarde quand elle dort, qui me fait confiance. Et c'est elle qui m'aura sauvé, et c'est elle qui j'aime encore".
Décembre 2004. Concert de Mendelson à la Cité de la Musique, désormais rebaptisée Philarmonie de Paris. Pascal Bouaziz commence son concert avec ces mots (de mémoire) : "Comment était le concert de Dominique A et Katerine ? C'était bien ? Parce que parfois la vieillesse est un naufrage".
Certaines choses ont changé depuis Seul au sommet, d'autres continuent. "Loin" : "Nous ne sommes jamais arrivés." ou "L'être humain" : "Parfois je me laisse aller avec toi. Tu me fais presque croire en l'être humain." Aujourd'hui par rapport à hier, certaines choses ne changeraient pas : 2003, Bertrand Betsch en concert au Nouveau Casino. Pascal Bouaziz est dans la salle, il m'écrase le pied. Il est beaucoup plus grand que moi, je suis couard, je ne dis rien.
Après le triple album de Mendelson (2013), après la parenthèse "tongue in cheek" Bruit Noir (2015), Pascal Bouaziz effectue une forme de saut de 15 ans en arrière, dans sa manière de chanter, et non plus de parler, dans son écriture plus économe, dans ses mélodies douces sans être apaisées. On pense à un Elysian Fields de proximité, un Red House Painters de quartier, un voisin physique et temporel, un voisin pas forcément bienveillant, pas celui à qui on confie son chat pour les vacances, un voisin un peu taciturne et discret, mais qu'on écoute quand il parle. Quand Pascal Bouaziz parle, ce n'est pas pour rien, alors on l'écoute avec attention, et se souvient de ses mots.
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