Spectacle musical conçu et mis en scène par Guillaume Barbot, avec Zoon Besse, Pierre Marie Braye Weppe et Guillaume Barbot.
On connait les précédents spectacles de la Compagnie Coup de Poker animée par Guillaume Barbot. On a ainsi pu voir "Nuit", variation sur "La Nuit du Chasseur", le seul film de Charles Laughton. On a aussi vu "Club 27", hommage aux héros pop morts à 27 ans.
Poursuivant son exploration tous azimuts de la "culture populaire", c'est cette fois-ci la chanson française, et une de ses grandes figures tutélaires, qui est au centre de "L'histoire vraie d'un Punk converti à Trenet".
Guillaume Barbot n'est pas allé chercher très loin pour bâtir l'armature de ce spectacle très réussi : il s'est contenté de relater de belle manière l'itinéraire d'un enfant pas gâté, celui de son compagnon de route, Zoon Besse, qui fut jadis aussi son "Gainsbarre" dans un autre de ses spectacles, "Gainsbourg, moi non plus".
Zoon Besse a eu, en effet, un destin peu commun : alors que son chemin musical de tout jeune homme en faisait le presque contemporain des Clash et des Sex Pistols, de Sid Vicious et de Johnny Thunders, il s'est soudain défroqué de son perfecto et de ses épingles à nourrice pour reprendre le canotier du "fou chantant" et troquer la panoplie punk pour la dégaine zazou.
Traître à la cause nihiliste, Zoon Besse est devenu serviteur de la poésie surréaliste du grand Charles. Et le parcours n'a pas été sans embûche puisque, on en aura ici une preuve vidéo flagrante, Zoon passera même à la Chance aux Chansons. Chevalier Servan un court instant, il aura été surtout un adorateur des mots et des notes du Narbonnais le plus célèbre.
Avec une aisance déconcertante, des variations sur les chansons de Trenet toujours intelligentes, qui vont du strict respect du texte et de la musique à des interprétations audacieuses, entre minimalisme genre "Residents" et pose cigarettes-lunettes noires à la Bashung, Zoon conquiert un public divers.
Connaisseurs de Trenet, heureux de le voir même ressusciter "Charles et Johnny", et méconnaisseurs qui entendent pour la première fois "Débit de lait, débit de l'eau" et constatent que Zoon a une diction impeccable et que les mots de Trenet (même s'ils sont ici de Francis Blanche) atteignent des sommets de virtuosité, tous sont à la fête.
Aidé par les claviers de Guillaume Barbot, par ailleurs récitant chambreur de la geste zoonienne, et par les cordes magiques de Pierre Marie Braye Weppe, Zoon Besse gagne en deux minutes la sympathie générale.
Dans une ambiance de studio d'enregistrement, "L'histoire vraie du Punk converti à Trenet, rend heureux. On est emporté par le choix judicieux opéré dans le colossal catalogue du grand-papa de la chanson française et l'on s'amusera même de "La Mer" en karaoké universel où Zoon passe du japonais à l'arabe...
Pas question chez les trois gaillards de jouer la carte connivente d'un second degré inutile. Respectueux dans l'irrespect, vraiment amoureux de Trenet et contents de transmettre son univers, les membres de la compagnie "Coup de Poker" sont tous à féliciter.
On aimerait que cette balade euphorisante punko-swingante ait envie de "Revoir Paris" le plus tôt possible. Et l'on remerciera chaleureusement Guillaume Bardot d'avoir eu la touchante idée de terminer cette évocation par une vidéo de Cabu, qui n'était fanatique que d'une seule chose : le génie de Charles Trenet... |