Spectacle de théâtre lyrique d'après l'oeuvre éponyme de Georges Courteline, mise en scène de Henri de Vasselot, avec Florence Alayrac, Antonine Bacquet, Martin Jeudy et Henri de Vasselot.
La Compagnie L'Envolée Lyrique présente avec "La Cruche" un spectacle aussi charmant qu'atypique et singulier, et ce, à plus d'un titre.
En effet, elle traite comme une comédie légère de pur divertissement cet opus de Georges Courteline, impitoyable scrutateur du couple et caricaturiste cynique de son temps en instillant une ironie sarcastique dans des répliques enjouées, qui y épingle la gent féminine, pour son opportunisme amoureux en quête de mariage et sa promptitude à l'infidélité avec un amant de cœur, et la goujaterie masculine propice au concubinage et aux liaisons dilettantes.
D'autre part, elle le transpose dans le registre du théâtre lyrique par l'insertion d'intermèdes puisés dans le répertoire des opérettes des années folles et, toutefois, chantés a capella, qui correspond à sa vocation dédiée et à sa troupe fédérant des chanteurs-comédiens-instrumentistes.
Enfin, à la conception, de l'adaptation à la mise en scène, ainsi qu'à la scénographie, des châssis reversibles, jardin de villégiature et salon, qui évoquent tant les illustrations pop-up de la littérature jeunesse que le décor d'opérette, Henri de Vasselot a conçu une charmante bluette qui satisfait aux codes de l'opéra comique du début du 20ème siècle et se démarque donc de manière radicale de la scène théâtrale contemporaine.
Dans de superbes costumes d'époque confectionnés par l'Atelier Marie-Hélène Couture, sévit un épatant quatuor pour narrer l'histoire de la pragmatique Margot, une jeune midinette qui, cherchant à s'établir, a accepté un "collage" avec Lauriane un quadragénaire fonctionnaire crétin et prétentieux.
Avec le temps, celui-ci en a "plein le dos de Margot", d'autant qu'il lorgne sur Camille la ravisante épouse de son voisin, et elle subit stoïquement ses rebuffades jusqu'au jour où se déclare un galant qui n'est autre que Lavernié, ami intime du goujat et amant de Camille.
Egalement au jeu, Henri de Vasselot est parfait dans le rôle du butor, "épateur, bluffeur et faiseur d'embarras" dixit l'auteur tout comme Martin Jeudy dans celui du célibataire desabusé et désenchanté, et Florence Alayrac campe joliment, avec, en sus, une voix de velours, Camille qui défend son pré-carré.
Avec le physique et la tessiture de l'emploi, Antonine Bacquet ravit en l(fausse) ingénue qui, chantant "j'suis candide comme une oie... j' crois toujours qu'on va m'épouser", a fait de la crédulité et de la naïveté son fonds de commerce et dément l'assertion de "cruche" qui lui est attachée.
Et leur plaisir du jeu choral et vocal concourt à enchanter le public. |