Nul n’est prophète en son pays. Exsonvaldes, qui connaît un beau succès en Espagne mais reste presque inconnu en France illustre malheureusement cette expression. Une véritable injustice pour ce groupe français évoluant entre rock et pop, pour faire vite, possédant un indéniable sens mélodique et ayant déjà plus d’une dizaine d’années de carrière derrière lui.
Une injustice d’autant plus importante qu’Exsonvaldes vient de sortir Aranda, sûrement son meilleur album, en tout cas l’un des meilleurs sortie en langue Française (et Anglaise et Espagnole) cette année. Un disque sombre, brut et direct, mélodique et électrique qui ne mérite absolument pas de rester dans l’ombre. Nous souhaitions donc discuter avec Simon Beaudoux histoire de remettre quelques pendules à l’heure…
Quels sont les premiers retours sur la sortie d’Aranda ?
Simon Beaudoux : Ils sont très bons. Nous sommes très fiers de ce disque et du coup bien contents qu'il plaise. Et puis on en apprend beaucoup sur le disque en lisant les différents avis. On a enregistré rapidement Aranda, sans volonté de lui donner telle ou telle couleur. Nous voulions juste enregistrer ces morceaux que nous avions écrits et qu'on aimait. Nous avons ensuite constaté comme beaucoup le côté plus sombre.
Quels regards portez-vous sur ce disque ?
Simon Beaudoux : C'est un peu cliché, mais je pense que c'est notre meilleur, et de loin. Et puis c'est une bonne photo du groupe et de son état d'esprit l'année dernière. A la fois une approche plus rock, plus spontanée. Plus détachée aussi, avec moins de questionnement perpétuel. Mais aussi cette couleur plus sombre, que nous n’avons pas vraiment maîtrisée mais qui me plaît, et qui s'explique facilement : la fin de la tournée de Lights a été un moment de doutes, on n'était pas certains de refaire un disque. Entre le succès espagnol et l'évolution inverse en France, on était un peu perdus. Mieux remplir les salles à Madrid ou Séville que chez nous, c'est à la fois génial et en même temps profondément illogique ! Et puis... Les disques se font souvent en réaction les uns des autres.
J’allais justement te poser la question de savoir si ce disque avait été fait en réaction… Aranda semble plus sombre, du direct plus brut que Lights. Serait-il le côté noir et orageux (il y a cette tension sous-jacente) de ce dernier ?
Simon Beaudoux : Nous avons commencé à enregistrer quelques morceaux en Espagne et ça sonnait vraiment bien, donc nous avons décidé d'embrasser notre situation un peu étonnante, et de foncer. A partir de ce moment là, on a clairement eu la volonté de faire un disque brut et direct. Ça correspondait aussi à l'envie de notre réalisateur artistique Alex Firla. La noirceur du propos, elle, – l'écriture se contrôle moins que la production – n'a pas été pensée en amont, mais elle est le reflet de notre humeur de l'époque.
En quoi et comment le fait d’avoir enregistré votre disque rapidement, en live, a-t-il changé votre rapport à la musique ?
Simon Beaudoux : Nous allons plus vite à l'essentiel, nous tergiversons moins. C'est assez agréable, après Lights qui était un disque très pensé et repensé. Ça m'a rappelé l'enregistrement (en live) de notre album acoustique There's no place like homes. Ça oblige aussi à faire des choix plus drastiques.
Comment marier spontanéité et garder une certaine élégance, notamment mélodique ?
Simon Beaudoux : Je ne sais pas quoi répondre à cette question à part : Merci ! Je pense que le travail d'Alex Firla est pour beaucoup dans cet équilibre.
D’où vient ce rapport que vous entretenez avec L’Espagne ? Comment expliquez-vous le succès que vous y rencontrez ?
Simon Beaudoux : C'est difficile à expliquer. Si nous avions la recette, on reproduirait ça dans tous les pays du monde ! Le bon disque, au bon moment, avec le bon label, les bon relais médiatiques, du travail et de la chance... Je n'ai pas vraiment d'explication mais ce qui est certain, c'est qu'on a vraiment eu une bonne idée en envoyant un mail à notre (à l'époque futur) label espagnol Green UFOs, il y a quelques années.
En parlant d’Espagne, vous faites un double duo avec Helena Miquel…
Simon Beaudoux : Oui, nous avons rencontré Helena en jouant dans des festivals avec son groupe Délafé y Las Flores Azules, qui est assez connu en Espagne. On avait envie depuis longtemps d'un duo. Mais nous avons quand même mis plus d'un an à trouver les bons morceaux. "Cyclop" existait déjà et son histoire, un dialogue fantasmé entre Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely, rendait logique l'idée d'un duo. Pour "En Silencio", c'est vraiment une écriture en commun avec Helena Miquel. C'est d'ailleurs elle qui a trouvé le refrain !
Un disque trilingue, l’Europe a donc un sens chez vous ?
Simon Beaudoux : Oui, absolument. Nous avons hésité à mettre ces deux titres franco-espagnols sur le disque et finalement ça nous a semblé très logique de faire un disque en 3 langues. Depuis quelques années que nous écrivons en anglais et en français tout en tournant beaucoup en Espagne, on voit qu'il y a une vraie richesse avec cette identité musicale et culturelle multiple, nous avons envie de la revendiquer. En particulier en ces temps ou l'identité politique de l'Europe est bien mal en point.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.