"Le noir dans lequel il se réveillait ces nuits-là était aveugle et impénétrable. Un noir à se crever le tympan à force d’écouter". Ce n’est pas pour rien que le flûtiste Joce Mienniel a choisi cette phrase tirée du roman Sur La Route de Cormac McCarthy pour illustrer son second album car c’est bien à un voyage intérieur, où le noir serait la couleur prédominante, auquel le musicien nous convie.
Joce Mienniel a un CV long comme le bras, preuve d’un immense talent, d’une réelle ouverture vers toutes les esthétiques et d’une certaine hyperactivité ! Flûtiste classique de formation, Joce Mienniel est également saxophoniste, orchestrateur, arrangeur, producteur et il n’hésite pas à aller du côté des musiques électroniques. En plus de sa carrière soliste, il a été notamment membre de l’Orchestre National de Jazz (sous la direction de Daniel Yvinec) entre 2009 et 2014, de l’orchestre de Jean-Marie Machado, de l’ensemble Art Sonic avec Sylvain Rifflet. Il a également collaboré avec Dominique A, Christophe Chassol, Magma, Youn Sun Nah, Jeanne Added et Thomas de Pourquery, André Minvielle, Fred Pallem & Le Sacre Du Tympan…
C’est sûrement aussi son travail pour la télévision (Lâcher la rampe de Jean-Michel Fête, Les Camarades de Vincent Stora) ou pour le cinéma (Fish Never Sleep et City Paradise de Gaelle Denis, Le Rosé Des Prés de Juliette Marchand) qui donne cette atmosphère si particulière à ce TILT, cette esthétique laissant une large place à l’imaginaire. Joce Mienniel, avec d’excellents musiciens : Guillaume Magne à la guitare, Sébastien Brun à la batterie et aux traitements électroniques et Vincent Lafont au Fender Rhodes, travaille la texture sonore et construit une véritable trame narrative (une ouverture, trois grandes suites en trois mouvements : "Le son des villes", "Neon Metropolis Offshore", "A Flower from the city beneath" et un double épilogue mais le tout dans une grande cohérence).
TILT reflète, et fait quelque part la synthèse des techniques instrumentales, des influences, de l’ouverture intelligente, de la curiosité du flûtiste français. C’est pour cela qu’il se trouve à la frontière du jazz, du post-rock (il y a quelque chose parfois de Tortoise), des musiques cinématographiques ou du monde, et du trip-hop. Un endroit pour un disque intense et pénétrant, électrique et totalement immersif mais surtout libre…
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