Telling the trees
(Chemikal Underground / PIAS) juin 2016
RM Hubbert est un auteur-compositeur qui nous vient d’Ecosse et joue de la guitare folk. Hop. Voilà une bonne case bien confortable pour démarrer une chronique facile. Il paraît qu’il a déjà sorti quatre albums. Celui dont je vais vous parler est donc son cinquième. Il paraît même que les trois précédents forment une trilogie très personnelle, profonde et sombre. Qu’en sera-t-il avec Telling the trees ? La trilogie est censée être close, on peut donc s’attendre à… ? Allons écouter.
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On n’entendra pas la voix de RM Hubbert sur le premier titre. Ni sur le second ou le troisième, encore moins sur le quatrième, qui est un instrumental, bref, on n’entendra (presque) pas sa voix. Il a confié le chant à dix interprètes féminines, et c’est probablement une des grandes réussites de cet album. Dix timbres différents, des univers musicaux qui mélangent rock, folk et synthétiseurs, un ensemble qui pourrait donc manquer un peu de cohésion. Et pourtant, ce n’est pas le cas.
Déjà parce que ces dix voix sont magnifiques. Elles apportent, chacune à sa façon, une belle lumière à ces dix titres. Ensuite parce que le jeu de guitare brillant et virtuose, sans jamais être tape-à-l’oeil, de RM Hubbert crée un lien évident entre tous les morceaux. Enfin parce que certains compositeurs sont tellement cohérents dans l’écriture qu’ils peuvent ensuite se permettre toutes les expérimentations sans jamais se perdre. C’est le cas de "Hubby" (l’affectueux surnom que lui donnent ses compatriotes).
Niché délicatement à la quatrième place, l’instrumental "In accordia" porte très bien son nom, lui qui laisse l’âme vagabonder au gré de vents doux et chauds. Guitare et piano, léger fond synthétique pour une ambiance magique avant d’aborder le très dense "I can hold you back" et sa progressive montée en puissance. Je m’arrêterai encore sur "The dog" où résonne, à l’arrière-plan, la voix de son maître. Choeur savamment mis en retrait, posé en pointillé de cette délicate ballade. Il se dégage de chaque titre la sensation qu’instruments et voix dialoguent avec élégance. Chaque pièce de ce puzzle semble trouver sa place avec une facilité déconcertante. Rien n’est facile pourtant, de l'envoûtant morceau d’ouverture à l’entraînant "Probably will / Probably do", posé sur une boîte à rythmes, en passant par les cordes torturées de "KAS" pour finir sur le plus classique "Chelsea midnight", non rien n’est facile.
[] Stop
Si la part est faite belle aux guitares, les synthés et sons distordus viennent parfois apporter une touche que d’aucuns qualifieraient de "post-rock", au milieu de cette album folk lumineux . Je suis d’accord même si je ne suis pas certain que ce terme définisse quoi que ce soit.
Son précédent album, Thirteen Lost & Found avait remporté le prix du Scottish album of the year en 2013. On aurait pu s’en douter à l’écoute du somptueux Telling the trees, RM Hubbert fait de la belle et bonne musique. Profitons-en.
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