Spectacle musical conçu et interprété par Morgane Arbez.
Le spectacle de Morgane Arbez s'intitule en toute sobriété "Elle chante" et l'on a tout de suite envie d'ajouter un commentaire tout simplement admiratif : "et drôlement bien".
Femme en robe rouge avec oeillet rouge dans les cheveux, elle est presque timide, presque enfantine, quand elle vient avec son accordéon produire quelques notes et présenter ce qu'elle va faire. Après, plus question d'explication : place à la musique, à la belle voix de Morgane et à l'émotion qu'elle dégage aussitôt pour ne plus jamais la laisser échapper.
Sur la scène, un clavier qui fera office de piano, divers instruments de ci de là, avec des micros pour en tirer le meilleur : le pays de Morgane Arbez est une terre de musiques et de chansons. Une terre où les femmes sont les reines et disent haut et fort en poésie et en beauté des vérités que les hommes ne sauraient dire.
Morgane Arbez a convoqué Barbara et Michèle Bernard, Bjork et bien d'autres. On imagine qu'elle aurait pu donner aussi rendez-vous à Pauline Julien, Anne Sylvestre, Janis Joplin ou Oum Kalsoum... et bien entendu Colette Magny... Morgane, quand "Elle chante" est toutes les femmes, toutes leurs colères, tous leurs espoirs. Elle est confondante dans sa fragilité qui lui donne force et rage.
Et elle ne cherche pas la facilité puisqu'il lui suffirait d'aligner ses versions très personnelles de Barbara pour faire un triomphe. Non, elle préfère papillonner d'une trompette à un xylophone, d'une guitare à un violon, pour casser le côté "récital à l'Olympia" pour tenter des "sketches" plus audacieux, qui perturbent la régularité de son spectacle, l'inscrivent dans la parformance arty, la rendent parfois moins accessibles et la font basculer vers une démarche plus intellectuelle que populaire.
Ce n'est pas là forcément son but, mais elle est si maîtresse de son spectacle qu'elle peut se permettre d'y adjoindre le piquant de l'aléa et de la déception, en jouant de sa voix que les micros aux réglages étranges poussent vers autre chose que le naturalisme.
Pour ajouter une comparaison idiote, mais pas si idiote que ça, Morgane n'est pas sans rappeler Rosemary Standley, l'irrésistible chanteuse du groupe "Moriarty". Elle peut, comme elle, embarquer le spectateur sur les chemins d'un mélo trivial ou s'en tenir à l'interprétation parfaite de grande professionnelle.
Morgane Arbez, comme on dit communément, a tout d'une grande. Sa manière de s'approprier une chanson aussi forte que celle de Michèle Bernard, "Alors, c'est fini ?" le prouve. Par ailleurs excellente comédienne, Morgane Arbez sur scène est chez elle. Désormais, on lui rendra visite le plus souvent possible ! |