Réalisé par Marco Tullio Giordana. Italien. Policier. 1h35 (Sortie le 13 juillet 2016). Avec Vanessa Scalera, Linda Caridi, Alessio Praticò, Mauro Conte, Matilde Piana, Annalisa Insardà, Antonio Pennarella et Stefano Scandaletti.
Surtout connu en France par "Nos meilleures années", Marco Tullio Giordana poursuit depuis vingt cinq ans un cinéma décrivant des faits qui ont marqué la société italienne.
Politique, d'une certaine façon, il est d'abord à l'écoute des réalités sociales ou sociologiques de son pays.
Ainsi, il s'est déjà intéressé à la "pieuvre" qui pourrit certaines régions italiennes dans "Les cent pas" consacrés à la mafia sicilienne. Dans "Léa", c'est au tour de la mafia calabraise d'être au centre de son interrogation.
Pour cela, il s'appuie sur le personnage de Léa Garofalo, une "mère courage", mariée à un membre de la "famille" calabraise, et qui s'est enfuie avec sa fille.
Dans son film, Marco Tullio Giordana raconte date par date l'inexorable et interminable fuite des deux femmes. Pas de gras dans ce film qui montre, encore une fois, la puissance de ces réseaux mafieux, au point qu'on finit très vite par comprendre que, protection policière efficace ou pas, années qui passent ou pas, le mauvais sort jeté sur le "traître" à la cause ne s'efface jamais.... et se réalise toujours.
Dans "Léa" de Marco Tullio Giordana, on s'identifie au combat de l'héroïne pour sa fille, que l'on voit peu à peu grandir et, à son tour, être prise dans les rets de la malédiction familiale.
Servie par Vanessa Scalera, qui sait donner au personnage la dimension d'une héroïne, Léa mène un combat indiscutable, un combat pour rendre de l'humanité, là où ne règne que la peur et la complicité.
Par moments, Marco Tullio Giordana retrouve le ton des grands films à thèse italiens. Fils spirituel des Pietro Germi et des Francesco Rosi, il allie une forme qui vise la dénonciation avec un récit très "grand public".
On ne s'ennuiera pas et, même si l'on préfère les constructions plus élaborées, on suivra avec empathie les aventures de cette jeune mère en prise avec les forces obscures de la société italienne.
"Léa" de Marco Tullio Giordana est donc un divertissement de qualité qui mérite d'être vu, ne serait-ce que pour hélas vérifier que l'Italie est loin d'avoir éradiqué ses vieux démons... |