Samedi à Beauregard. Les averses du matin ont laissé la place à de belles éclaircies.
Début de journée très pop. Le rockabilly des Atomic Rotors a été remplacé sur la grille de programmation par la pop éclatante de Shake The Ronin. Les quatre jeunes gens semblaient très heureux de cette aubaine et ont donné tout ce qu'ils avaient dans le ventre pour une prestation enlevée et qui a mis de bonne humeur les premiers festivaliers présents sur le site.
C'est avec un grand "love" écrit en majuscules et en rouge en fond de scène que Konstantin Gropper réalise son concert. C'est en effet le titre du quatrième album de son groupe Get Well Soon, digne héritier de The Divine Comedy. L'esthète allemand, à la pop ciselée, porte le costume bleu nuit, la cravate et une chemisette blanche à motifs. On est moins convaincu par les pieds nus dans les richelieux marrons en cuir. Il s'adresse souvent au public en français ce qui fait réagir positivement les festivaliers. Ses mélodies d'orfèvre sont boostées par des percussions puissantes. Très joli concert par un groupe en total harmonie, jouant la carte des envolées mélodiques haut de gamme.
Après ce grand moment avec Get Well Soon, le concert des Horrors paraît un peu fade. Pourtant, le style des britanniques s'est étoffé avec le temps. On n'a plus l'impression de voir un groupe batcave coincé le jour de la marmotte, le 2 juillet 83. On apprécie les morceaux plus en clair-obscur qu'à l'époque ainsi qu'une belle présence scénique, mais il manque peut-être un petit supplément d'âme, et un peu de communication avec le public.
Les Naive New Beaters sont des entertainers de haut-vol, mais ils n'oublient pas la musique. Entre les blagues, l'appel à ce que les garçons portent les filles sur leurs épaules, le déguisement avec des combinaisons de peintres, ils se mettent le public dans la poche. Leur nouvel album, A la folie sort fin juillet, une bonne occasion de le tester en live. Leur section rythmique, batterie et basse / clavier, est entre les mains de deux jeunes femmes qui tiennent solidement la fondation des morceaux. Dansant, respirant la bonne humeur, sans aucun doute le concert le plus fun du week-end à Beauregard.
Après une pause pendant Brigitte et La Femme, dont on m'a dit que le concert était dansant, c'est Robert Plant qui investit la grande scène. Le vieux a encore de la voix. Entouré de bons requins qui assurent, il montre que, malgré l'âge, il a encore de la voix et du charisme. Lui aussi s'adresse à plusieurs reprises en français au public de Beauregard. Sur la fin du concert, sa version de "Whole Lotta Love" démontre, s'il le fallait, qu'il s'éclate sur scène. Son refus des 367 millions d'euros de Richard Branson pour reformer Led Zep a plutôt tendance, en plus, à rendre sympathique le personnage. Grâce à Robert Plant, Led Zeppelin ne réalisera pas la tournée de trop et restera à jamais un groupe mythique au panthéon du rock'n'roll.
Il fallait ensuite traverser le site pour le concert de Lilly Wood & The Prick. Le devant de la petite scène était noir de monde, impossible d'approcher à moins de 200 mètres de podium, ce qui m'obligeait à regarder les écrans géants. Le duo était attendu par les festivaliers qui ont semblé absolument ravi. Gros succès pour Lilly Wood & The Prick.
The Avener sur la grande scène transforme Beauregard en immense dancefloor. Le look d'un joueur de foot sur un plateau télé, coupe ridicule, barbe courte, lueur d'intelligence dans le regard et casque autour du cou, The Avener presse un bouton en début de set. Ensuite il n'y touche plus tellement il est occupé à lever les bras en l'air. Il a tellement souvent les bras en l'air qu'il ferait passer David Guetta pour un DJ. Parfois, il s'empare du micro pour lancer des phrases dignes d'être gravées dans le marbre afin que les générations futures puissent se rappeler cet instant d'immense communion : "Ça va Beauregâââââârd?" ou "Tape dans tes maaaaiiiins !". Disons, pour rester poli, que je n'y trouve pas mon compte et préfère m'approcher bien en avance de la scène où vont se produire The Kills.
The Kills, les VRP d'Agnès B., ont des looks cools. Ils prennent des poses rock'n'roll. Ils mettent les amplis forts. Le rock'n'roll est aux Kills ce que l'orgasme bruyant est à la vieille pute. Le client a payé pour ça, il peut y croire. La chanteuse américaine Alison Mosshart et le guitariste anglais Jamie Hince vont vers le public, se roulent par terre, renversent les micros... on croirait Iggy Pop en train de faire une crise d'épilepsie. Autour de moi, les spectateurs sont heureux, moi je n'y crois pas une seconde. En plus, comme seul le premier album des Kills contient de vrais morceaux dedans (comme les yaourts) et que le récent Ash and ice ne déroge pas à la règle de nouveau-disque-dispensable-des-Kills, je laisse le duo à leur rock'n'roll circus guère impressionnant. The Kills, le groupe de rock le pls surestimé au monde.
Désolé pour Fakear, dont les sets sont pourtant mieux construits que ceux de The Avener, mais je jette l'éponge pour cette seconde journée de festival à Beauregard. |