Parfois je furète dans ma discothèque à la recherche du "son", c'est à dire de celui qui parviendra à décrire au mieux l'humeur du moment, celle que je ressens au contact de mon entourage proche.
Cela peut me prendre des heures.
Je déplace des piles entière de cds ou de vinyles, disperse les pochettes, parcours les notes hâtivement pour finalement renoncer devant l'ampleur de la tâche.
A d'autres moments, je n'ai pas besoin de fournir tant d'efforts.
Comme lorsque j'ai l'esprit au rêve.
Dans ce cas, j'ai trouvé il y a peu LA solution : je place immédiatement le nouveau TKTH dans la sono, pousse légèrement le volume, amplifie surtout les basses. Puis je me laisse guider par les mélodies doucereuses, les textures fouillées d'Arno et Vivien tandis que la voix de Béatrice m'emporte dans des histoires complètement différentes de celles qu'elle chante dans ses textes (dont je tairai, par courtoisie, la substance).
Les atmosphères froides, ponctuellement lourdes de "Séquence 01", classées trop vite dans le trip-hop cold, à la manière de Tricky, ou la french touch, ont laissé la place à des morceaux subtils, construits habilement avec minutie, où tous les éléments – voix (Béatrice, Cécile, Arno, off), samples, claviers tourbillonnants, beats plus discrets – s'agencent en une harmonieuse electro-soft toujours en mouvement lent ("slow motion" en rose, au dos de la pochette).
Ainsi que le suggère le titre du septième morceau, "Once upon a dream" , TKTH construit la matière sonore de songes laissant à l'auditeur le soin d'élaborer lui-même l'objet de son voyage mental, tout en restant parfaitement éveillé (par exemple, un rêve érotique est bien plus agréable avec les yeux ouverts).
Le retour à la réalité n'en est que plus difficile comme nous le confirment les TKTH eux-mêmes ("Welcome to the real world", titre clôturant l'album).
Tenté par l'expérience ?
Alors il ne tient qu'à vous de vous procurer cet objet blanc, rose et noire, petit morceau de plastique aux vertus hallucinatoires qui vous emmènera là où vous le désirerez, quand vous le désirerez.
Titres phares : Club ‘84, Fourth dimension, Water blade (avec un petit côté "Utopia" de Goldfrapp), Once upon a dream.
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