Réalisé par Lev Kalman et Whitney Horn. Etats Unis/Mexique/France/Islande. Comédie - Experimental. 1h13 (Sortie le 27 juillet 2016). Avec Trevor Haav, Benjamin Coopersmith, Kyle Williams, Benjamin Crotty, Gabriel Abrantes, Mati Diop, Marianne McClellan, Libby Gery et Melissa Barrera.
Êtes-vous vraiment, mais vraiment, vraiment vraiment curieux ?
"L for Leisure" de Lev Kalman et Whitney Horn sera pour vous l'étalon de votre curiosité : quiconque osera aller à la découverte de ce véritable "objet filmique non identifié", selon une formule déjà trop consacrée, mesurera l'étendue de sa soif d'inconnu.
Car "L for Leisure" ne ressemble à rien de... connu. Film expérimental ? Œuvre "arty" pour bar lounge branché ? Chose incongrue que l'on projette sur un mauvais écran vidéo dans une expo dans un squat "hype" ?
Parler de "L for Leisure" oblige à se rallier - très provisoirement - au ton snob d'un gratuit bobo distribué rue Oberkampf.
Pour une fois aussi, puisqu'avec ces 73 minutes peu conforme au standard cinématographique, tout est différent, on empruntera son "résumé" à son dossier de presse : "Dans l’Amérique des années 90, entre drague adolescente, lutte greco romaine, et sieste mellow, un groupe d’étudiants nous emmène dans son questionnement sur la vie : le spleen américain !?"
"L for Leisure" de Lev Kalman et Whitney Horn rassemble en fait des saynètes où l'on suit des jeunes gens, supposés étudiants ou doctorants, et des trentenaires, la plupart du temps professeurs de fac, qui discutent de leurs projets, boivent des coups, pratiquent "un peu" de sport (basket, ski nautique, skate...).
Pas question dans ces saynètes qu'il y ait une potentielle intrigue. Les personnages sont saisis lors de dates symboliques (Thanksgiving, Noël, Rosh Hashanah...) ou des périodes de vacances de 1992 ou 1993.
On pourra ainsi découvrir une douzaine de moments de cette période qui, pour les auteurs, est une espèce d'âge d'or et on les croit volontiers puisque l'ennui distingué et convivial de ces gens de bon aloi produit sur le spectateur un effet assez étrange et apaisant...
On comprendra que ces "bouts de film", tournés en 16 millimètres pour donner encore plus l'impression d'être des documents amateurs ou filmés par des étudiants en cinéma copains des profs et des jeunes saisis au "vif", pourront être vulgairement qualifiés de "chiants" par ceux dont la curiosité aura été mise à mal...
Pour les autres, ce sera plutôt un sentiment d'hilarité connivente qui prendra corps. Peut-être avoueront-ils avoir eu parfois les paupières lourdes, mais aussi les zygomatiques titillés quand l'absurde des situations acquiert un haut degré pataphysique...
On signalera que "L for Leisure" de Lev Kalman et Whitney Horn, outre qu'il soit leur premier vrai long métrage, ne déroule pas que dans des campus californiens puisqu'on pourra aussi bien être au Mexique qu'à Aix-en-Provence.
Dans cette somme kitsch, culte et bêta, il ne faut pas oublier non plus que, de temps en temps,ont lieu des combats laser en contrepoint sardonique à ce petit monde de culture et de farniente. On ajoutera aussi que tous les intervenants dans ce patchwork improbable ne sont pas des acteurs professionnels mais des amis des deux réalisateurs.
Beaucoup d'artistes se sont prêtés à ces petits jeux sans conséquence. Parmi eux, des Français, comme Benjamin Crotty dont on a pu voir l'an passé le curieux "Fort Buchanan" ou Mati Dop, réalisatrice de "Mille soleils" et interprète principale de "35 Rhum".
Tout ça donne vraiment envie ! "Envie d'avoir envie", comme dirait Johnny Hallyday, qui n'a rien à voir avec "L for Leisure", ce qui devrait encore aiguser l'appétit de quelques curieux...
Quand on a fait l'expérience de "L for Leisure" de Lev Kalman et Whitney Horn, on est rarement déçu. On a même l'impression d'avoir franchi un pas de plus... Certains oseraient dire vers le vide, d'autres vers la connaissance.
En tout cas, on n'est pas prêt d'oublier ce moment original qui reposera de tous ces films qui se ressemblent et qui ont la prétention de vouloir faire sens, ce qui n'est évidemment pas le cas des deux olibrius et de leur aberrante pellicule que l'on qualifiera, au final, de rigolo comme le chapeau de Zozo... |