Réalisé par Michael Grandage. Etats Unis/Grande Bretagne. Biopic. 1h40 (Sortie le 27 juillet 2016). Avec Colin Firth, Jude Law, Nicole Kidman, Laura Linney, Vanessa Kirby, Guy Pearce, Dominic West et Demetri Goritsas.
"Bromance" et biopic, "Genius" relate la relation professionnelle entre Maxwell Perkins, découvreur, voire accoucheur de talents au sein des Editions Scribner, dont notamment Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway et
Erskine Caldwell,
et un jeune romancier graphomane et mégalomaniaque, Thomas Wolfe aujourd'hui oublié, comète littéraire des années 1930.
Max, celui porte toujours un chapeau même à son domicile et en pyjama, père sans fils de cinq filles, homme profondément humain voué et dévoué à la littérature et à l'oeuvre des autres, peut-être par compensation d'une vocation inaboutie, va se consacrer à la mise en forme, qu'il entend comme sublimation, des deux premiers opus de Tom, celui qui ne porte jamais de chapeau, un peu bad boy pas encore trentenaire qui s'identifie au Caliban shakespearien et qui, refusé par tous les éditeurs, pleure sur son génie maudit.
Cette collaboration invasive qui se teinte d'une amitié filiale et la personnalité des deux hommes de génération différente induisaient de beaux développements sur des thématiques fortes dont l'ambiguïté du rapport éditeur/auteur, entre fusion et confrontation, et la relation père/fils de substitution.
Las, le film s'avère dispensable tant il déçoit au fond comme en la forme et ce d'autant plus que les deux maîtres d'oeuvre et producteurs sont loués pour leurs qualités de dramaturge. Le scénariste John Logan indique que la partition de "Genius" résultant de l'adaptation d'une copieuse biographie de Maxwell Perkins écrite par A. Scott Berg représente l’aboutissement de vingt ans de travail. Sans doute dix-neuf de trop qui l'ont phagocyté et lui ont fait perdre de vue l'essentiel.
Quant à Michael Grandage, metteur en scène de théâtre, il signe un premier opus filmique qui devrait le dissuader de persévérer dans cet art. En effet, lorgnant trop du côté de la dramédie, il ne trouve pas le juste ton et s'égare tant dans le classicisme poussif que dans l'anecdotisme illustratif pour sombrer dans le sentimentalisme lacrymal.
Et les rares scènes, qui laisse espérer que les thématiques précitées soient abordées ne font que les effleurer, manquant cruellement de souffle dramaturgique, et pis, sont tronquées.
Face à un manque de matière, les têtes d'affiche "bankable" s'évertuent en roue libre : Colin Firth s'abandonne à sa tendance récurrente à l'intériorisation manière Actors Studio avec un brin d'humour à l'anglaise, Jude Law cède au sur-jeu frénétique et Nicole Kidman est aussi peu crédible que pathétique en vieille maîtresse possessive et en muse plus alimentaire qu'artistique.
Piètre consolation, les seconds rôles émérites : Laura Linney (Mme Perkins), Guy Pearce (Fitzgerald) et Dominic West (Hemingway). |