Réalisé par Maria Schrader. Allemagne/Autriche/France. Biopic. 1h46 (Sortie le 10 août 2016). Avec Josef Hader, Barbara Sukowa, Aenne Schwarz, Matthias Brandt, Charly Hübner, André Szymanski, Lenn Kudrjawizki et Vincent Nemeth.
"Stefan Zweig, Adieu l'Europe", biopic focalisé sur les années américaines d'exil de l'écrivain, biographe et dramaturge d'origine juive Stefan Zweig qui, dès 1934, quitte l'Autriche, s'avère, en la forme comme au fond, très décevante nonobstant une distribution émérite au jeu incarné (Josef Hader, Barbara Sukowa et Aenne Schwarz , qui ne peut, hélas, se manifester que de manière ponctuelle.
Montrant essentiellement Zweig dans sa vie publique, et jamais dans son intimité, et dépourvu d'historicisme l'opus de Maria Schrader se compose de quatre "moments" cédant à l'anecdoctisme avec les belles images léchées de Wolfgang Thaler (les réceptions et le congrès des écrivains de 1936 en Argentine, la visite d'une exploitation de canne à sucre à Bahia et la pittroresque réception impromptue à la maison du maire local, l'escale neyorkaise avec la visite à l'ex-épouse, la balade et l'anniversaire en la dernière demeure au Brésil) dont l'essentiel est retracé dans la bande-annonce
Ni actes au sens dramatique à défaut de dramaturgie, ni chapitres en raison de scènes inachevées, ces flashs elliptiques, ne permettent pas d'éclairer l'épilogue tragique traité par le très récurrent et académique plan-séquence avec effet de miroir.
Le suicide intervenant en 1942 ne constitue que l'aboutissement d'un procesus entamé bien en amont et retracé par Zweig lui-même dans son autobiographie réflexive et ultime oeuvre, "Le monde d'hier". Homme douloureux, il ne pourra surmonter une deuxième fois le désespoir qui l'a assailli dès la première guerre mondiale.
Né en 1881, Zweig est un homme issu de la grande bourgeoisie juive dite "assimilée" de l’Empire austro-hongrois et une figure de l'intelligentsia viennoise qui avec la première guerre mondiale est miné par la perte de sa jeunesse dorée et celle de sa patrie, puis celle de sa patrie de cœur qu'est l'Europe.
Son cospomolitisme de jeunesse cède le pas à la dimension sacrificielle du juif errant qui se cumule avec un irréductible pessimisme, au demeurant visionnaire, entre autres, quant à l'échec de la civilisation et la défaite de la raison, quile submerge à la soixantaine.
Une matière riche, en l'espèce, non exploitée par la réalisatrice qui a opté pour un portrait "impressionniste"dépourvu d'intérêt pour ceux qui connaissent la vie et l'oeuvre de Stefan Zweig et sybillin pour les autres. |