Madam, Sukie Smith de nom, aiguille sa carrière d'actrice vers la musique depuis quelques années et deux premiers albums avec notamment Gone Before Morning en 2011 qui lance emboite définitivement le pas vers une musique à son image. Madam continue d'en explorer et dévoiler l'univers avec ce dernier album Back To The Sea (Shillingboy Records).
Sous l'impulsion viscérale d'écrire et chanter suite à la confrontation de la douleur d'une perte, Sukie Smith en extirpe une force créative et enclenche ainsi une logique de compositions intimes aux thèmes de prédilection des phases cycliques de la vie, de l'amour et de place de l'humain là même.
Mais Sukie Smith tient à préciser qu'il ne s'agit pas ici d'un "death manifesto" mais bien d'une grande lettre d'amour à la vie, à la nature humaine.
Back To The Sea porte très bien son nom, des chants de baleines semblant apparaître ("Not Here Yet") aux sonorités mystiques de la rencontre des éléments du vent et de la mer ("Back To The Sea"), l'ambiance musicale s'avère assimiler les sons océaniques. Sukie Smith se préoccupe fortement de l'image ici de la mer au fil de la vie, tenant d'une signification bien au-delà de l'eau mais également du mouvement, des ondulations, des abysses, et cette sonorité si particulière.
On se laisse emporter par cette vague de fond, qui ne déferlera jamais, dont son onde se propage sur un océan infini, cet océan où nous y sommes invité par Madam qui s'y dévoile en une sensuelle bienveillance notamment avec un chant rappelant la douceur de Beth Gibbons (Portishead).
Sans forcer, une musicalité dans la voix apparaît tout en douceur, la mélodie s'écoule naturellement au fil de l'écume parsemée à travers les douze titres de l'album.
La générosité du partage des émotions est là, inévitablement, mais cela avec la collaboration de fidèles musiciens qui parviennent à fusionner chacun des instruments dans l'expression de cette musique. Les cordes sensibles du violoncelle renforcent la grâce de la plupart des morceaux, tandis que des cuivres viennent habiter les lieux et prolonger l'histoire évoquée sur "Murder Park".
Un beau travail de production permet à chaque partie instrumentale une expression créant une enveloppe musicale en à la fois précise et tout en apesanteur.
L'album entier semble créer une suspension dans le temps, juste le temps de profiter et d'admirer l'univers de Madam dont on s'y plonge volontiers. Madam nous offre ici un véritable bijou dont il serait dommage de s'en priver.
# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
Beaucoup de choses à découvrir encore cette semaine en attendant la MAG#91 vendredi. Du théâtre, du cinéma, de la lecture et de la musique au programme, et toujours le replay de la MAG#90...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.