Conte philosophique de Wajdi Mouawad, mise en scène de Joseph Olivennes, avec Pamina de Hauteclocque, Jock Maitland, Vianney Ledieu, Aloysia Delahaut et Rafaële Minnaert (en alternance Anne Lefol).
Pas facile de parler de la mort. Encore moins facile d'en parler aux jeunes. Wajdi Mouawad s'y essaie avec "Pacamambo" en traitant de la première disparition qui frappe, en principe, les enfants ou les ados : celle d'un grand-père ou d'une grand-mère.
Dans ce texte apparemment très simple, il s'agit de désamorcer le fatal rendez-vous qu'elle accorde à chaque être humain en créant une "troisième voie", un pays imaginaire où les disparus survivent et où peut aller les rejoindre.
Il a pour nom "Pacamambo" et le prononcer c'est à la fois déjà défier la faucheuse, et faire son deuil de ceux qu'on a aimés... Mais invoquer Pacamambo, c'est aussi brûler un peu les ailes de sa vie. Comme c'est le cas de Julie qui se force à raconter à un psychiatre pourquoi elle s'est réfugiée dans la cave avec le cadavre de Marie-Marie, sa grand-mère tant aimée.
Ce sujet délicat du passage hors la vie est traité par Joseph Olivennes sans les artifices que l'on aurait pu imaginer. Même si les chiens parlent et si la mort se matérialise sous la forme d'une grande et belle jeune femme dénuée de méchanceté, tout paraît réel. D'une réalité apaisée par la possibilité d'une étape à "Pacamambo", au pays où survivent les gens dont on se souvient parce qu'on les aimait d'amour et d'amitié.
Pamina de Hauteclocque n'a pas la tache aisée puisque Julie est supposée être une très jeune fille. Elle s'en acquitte grâce au chien "le Gros", joué avec une casquette à oreilles et des gants de boxe par le truculent Jack Maitland, et grâce au psy compréhensif qu'est Vianney Ledieu. Tout cela sous le regard bienveillant de Rafaële Minnaert qui n'a rien d'une morte exsangue et qu'Aloysia Delahaut, la mort-lune, emporte sans flaflas vers l'au-delà.
On pourrait sans doute faire une lecture de "Pacamambo" de Wajdi Mouawad qui tirerait cette courte pièce vers un merveilleux poétique proche de Cocteau. Mais telle qu'elle a été appréhendée par Joseph Olivennes, elle semble parfaitement s'accorder aux vœux de son auteur. |