Dimanche
Dernier jour du festival. Après avoir passé deux jours en conjonctures à propos de la fréquentation du festival, il faut bien se rendre compte à l’évidence : on est loin de la catastrophe annoncée. Sans que cela soit la cohue, le public arrive doucement.
Tout d’abord pour écouter Morgan Delt, un jeune californien semblant directement sorti des année 70. On sent une forte influente psychédélique voire progressive par moments. Pas inintéressant, plutôt agréable mais déjà entendu des centaines de fois.
Puis, c’est au tour de la magnifique Julia Holter de prendre place sur la scène du Fort. Souvent comparée à Laurie Anderson ou à Kate Bush pour son univers à la fois emprunt de classicisme et singulier, la musique de Julia Holter a cette particularité d’être inclassable et de ce fait d’être difficile à appréhender. C’est une musique exigeante qui s’écoute avec attention, et qui demande un véritable effort d’immersion. Difficile d’y arriver en festival, avec en plus un volume sonore assez faible et donc le désavantage d’être parasité par les conversations de voisins moins attentifs. Il n’empêche que Julia Holter et ses chansons valent la peine d’être découvertes.
La reformation du groupe shoegaze était attendue comme le loup blanc. Après Slowdive en 2014 et Ride l’année dernière, la route du rock accueille donc cette année en toute logique Lush. A l’époque considéré comme les seconds couteaux du genre, le groupe est particulièrement attendu ce dimanche.
Malheureusement des problèmes de faussetés et une interprétation assez molle rendront ce come back plus que décevant, réservant de ce fait, la bonheur de les voir aux fans de la première heure et laissant les non initiés sur le carreau.
Si le concert des neo punk Fidlar commence assez mal avec reprise molle et catastrophique de "Sabotage" des Beastie Boys, leurs efforts pour livrer ensuite un punk rock assez réjouissant et dynamique me réconciliera avec eux. Seul petit bémol : difficile d’apprécier le concert tant le volume sonore étant puissant et à la limite du supportable. Leur set a visiblement réjouit un public rassemblé en masse devant la petite scène, dans une ambiance survoltée. Un très bon moment.
Les Fat White Family n'auront pas failli à leur réputation de sales gosses, le chanteur Lias Saoudi arborant fièrement une sangle abdominale impeccable pour notre plus grand bonheur. Leur set est à l'image de leur musique : foutrarque et chaotique. La belle énergie que cette bande de branleurs arrive parfaitement à communiquer au public, avec ce son sale qui fait immédiatement penser à The Fall.
Quatrième passage à la Route du Rock pour la bande de Jenny Beth, qui nous annonce d’amblée à quel point elle est heureuse d’être cette année (encore) à Saint-Malo. Concert très pro et réglé comme sur du papier à musique : ça joue bien, fort et le groupe est vraiment dedans. Jenny Beth fait le show et donne sans réserve de sa personne en n’hésitant pas à haranguer le public. Certains diront qu’elle en fait trop, ce que l’on ne peut nier, mais l’énergie dégagée est communicative.
Si le concert est très bon, on peut déplorer néanmoins le manque de surprise de cette prestation, qui ressemble trait pour traits à celle de l’année dernière.
Sleaford Mods, le duo anglais a ces fans convaincus, mais malheureusement je n’en fait pas partie. Et ce que j’ai pu entendre au loin a achevé de me convaincre : je ne comprends décidément rien à la musique de ces deux énergumènes : l’un qui scande ce qui ressemble à du rap avec un accent à couper au couteau, le second qui se tient debout derrière sa machine, faisant usage d’un seul doigt pendant que l’autre main tient sa cannette de bière. Vrais génies ou parfaits escrocs ? Mystère absolu.
Malgré toutes les critiques et réserves émises en début de festival, cette édition se sera révélée bien plus positive qu’espérée : de bons concerts, une organisation qui aura permis que tout se déroule de la meilleure manière possible, et une fréquentation bien moins catastrophique qu’annoncée. Espérons que la Route du Rock, festival au capital sympathie très important auprès du public, trouve les ressources et les idées pour continuer de nombreuses années encore.
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