Comédie de Edouard Bourdet, mise en scène de Jean-Paul Tribout, avec Caroline Maillard, Jean-Paul Bordes, Eric Herson-Macarel, Xavier Simonin, Laurent Richard, Jean-Marie Sirgue et Jean-Paul Tribout.
Plongée dans le limpide monde des Lettres, aux éditeurs distraits, aux comptes fantaisistes, aux droits d’auteur fluctuants, aux prix "achetés"…
Le terrible Moscat, "faiseur" de réputations littéraires, ourdit d’obtenir pour un de ses poulains, une prestigieuse récompense. Mais Maréchal offre-t-il une loyauté à toute épreuve ?
Le hasard jette dans son antichambre un ancien camarade de régiment, Fournier, qui se pique d’écriture…et qui a épousé une belle et ambitieuse jeune femme, Jacqueline, qui soutient pleinement son mari dans son œuvre. Cynique et machiavélique, l’éditeur tire les ficelles de ces pauvres pantins en quête de reconnaissance. Dans sa poche, le contrat d’achat d’une âme dépasse, au cas où…
Edouard Bourdet, qui administra même la Comédie-Française, fait rare pour un auteur, depuis Molière, signa parmi les plus remarquables pièces de l’Entre-deux guerres ("Le Sexe faible", "Fric-Frac"…) ressemblant parfois à Mirbeau dans sa peinture au couteau de la société et de la soif de pouvoir.
"Vient de paraître", rarement joué, satire subtile, ressuscite devant nos yeux, avec une actualité et une férocité confondantes, mis en scène par Jean-Paul Tribout, qui campe aussi très habilement le retors Moscat.
A ses côtés, Laurent Richard et Xavier Simonin, excellents, Eric Herson-Macarel, très émouvant dans un rôle d’écrivain sans imagination, fou de sa femme, incarnée par la merveilleuse Caroline Maillard, troublante et si juste. Mention spéciale à la composition magistrale de Jean-Marie Sirgue, en ami marécageux et auteur "tous terrains".
Mais celui qui arrache l’admiration, c’est Jean-Paul Bordes, éblouissant, qui devient un miroir tendu, créant un époustouflant rôle d’auteur narcissique, prêt à tout, inoubliable.
"Vient de paraître", succès ! Et ça, c’est vrai !
C.L. Morel |