Faute de trouver un trou dans notre agenda de travail, Froggy's étant notre passion, on a interviewé par courrier électronique Hamilton Leithauser et Rostam Batmanglij pour la sortie de leur nouvel album I had a dream that you were mine (sortie le 23 septembre), un album rare et d'une force extraordinaire, coup de cœur de cette rentrée musicale 2016.
Hamilton, nous connaissons ta musique depuis ta collaboration avec Talitres Records à Bordeaux, avec l'incroyable album Everyone who pretended to like me is gone avec ton groupe The Walkmen. Quel chemin parcouru depuis toutes ces années ! Rostam, on te connaît avec Vampire Weekend, comment vous êtes-vous rencontré tous les deux, et qui était à l'origine de votre collaboration ? Vous vous étiez rencontré avant d'enregistrer le premier album d'Hamilton, Black Hours ?
Hamilton Leithauser : J'ai rencontré Rostam en 2008 quand Vampire Weekend ouvrait pour The Walkmen à Atlanta, en Géorgie. Nous avons joué plusieurs concerts ensemble, mais on n'a vraiment eu l'occasion de se connaître 5 ans après, quand il m'a demandé si je voulais essayer de travailler ensemble. Il habitait près de mon quartier à Brooklyn, alors je suis allé le voir à sa maison un jour. Nous avons joué chacun des démos ou des trucs sur lesquels on travaillait, et je lui ai juste demandé si il aimerait essayer de chanter sur de la musique que j'étais en train d'écrire. Ce jour même nous avons commencé ce qui allait devenir le titre "1959" de notre nouvel album.
C'est un album à quatre mains. Pourriez-vous me dire qui amène les idées ? La musique, les paroles, cela sonne différent du premier album LP : moins de musique, de production... Cela sonne comme de l'écriture pure enregistrée live.
Hamilton Leithauser : L'écriture et l'enregistrement ont été faits en même temps. C'est ce qui était si différent et excitant pour moi. Je filais à LA et nous écrivions tous les deux des morceaux dans le studio de Rostam. Nous les enregistrions directement la seconde où ils sortaient. Il y a une tonne de prises de tous les instruments, les voix... C'était tellement spontané, et je pense que nous avons fait un bon boulot de capturer cela sur enregistrement.
Rostam Batmanglij : Pour moi, il n'y a pas de distinction entre l'écriture et le process d'enregistrement. Il n'y a pas de "démo" qui devient un enregistrement final. Il y a souvent une session unique - qui change et évolue - qui est sélectionnée, puis laissée tomber, puis reprise, encore et encore jusqu'à ce qu'elle soit finalisée et sortie en disque.
Pourriez-vous parler de l'influence de chacun : musique, Art, auteurs, voyages ?
Hamilton Leithauser : Pour les musiciens, tous les rockers classiques : Beatles, Rolling Stones, Bob Dylan, Lou Reed... mais des gens de toutes les ères... The Cramps, The Smiths, Bad Brains... Ce sont tous des gens auxquels nous faisons tous les deux référence tout le temps !
En termes d'écrivains, j'aime Kingsley Amis, ELizabeth Bishop, WH Auden, Charles Simic, Anthony Hecht, Robert Graves, Loraine Niedecker, Karl Ove Knausgaard.
Pourquoi ce titre I had a dream that you were mine ? D'où vient-il ? Est-ce que c'est toi qui en a parlé à Rostam ?
Hamilton Leithauser : C'est venu juste après avoir écrit toutes les paroles en une fois. Il se lisait comme une histoire, j'ai pensé que I had a Dream that you were mine pouvait être cette histoire.
Et qui a choisi la photo sur la pochette ? Pourquoi ce choix ?
Hamilton Leithauser : Je l'ai trouvé dans un livre d'Art. Je trouvais que cela convenait parfaitement au titre, et que c'était une superbe photographie.
Rostam Batmanglij : La photo est de Bill Brandt et a été prise en 1955.
Vous écoutez les Everly Brothers, Roy Orbison et d'autres groupes de cette ère comme Charlie Feathers. Est-ce une sorte de nostalgie de cette époque passée ?
Hamilton Leithauser : Ce sont juste des chansons formidables. Ce n'est pas du tout de la nostalgie. Les meilleurs titres survivent à travers les années, et les Everly Brothers en ont écrit un paquet. Comme Roy Orbison. Le simple fait que la qualité d'enregistrement soit datée ne signifie pas que leurs idées soient moins d'actualité qu'il y a soixante ans.
Quand j'ai écouté la chanson "1959" avec Angel Deradoorian, j'étais ébahi. C'est le meilleur titre que j'ai entendu depuis 10 ans, j'ai directement pensé au duo Nancy Sinatra et Lee Hazlewood. Aviez-vous en tête ce titre comme un hommage à ces duos d'antan ? Pouvez-vous nous expliquer le titre "1959" ?
Hamilton Leithauser : Wow, merci, j'adore ce titre aussi. En fait, la chanson entière était écrite et finalisée avec moi qui chantait dessus, mais Angel Deradoorian était à la maison de Rostam, nous l'avons enregistrée en remplaçant une de mes lignes de chant. Cela ajoutait une super dynamique, et a donné beaucoup plus de substance au titre.
Rostam Batmanglij : Au début, le texte disait "One day I'll have to listen". Quand Angel était dans le studio, je lui ai fait chanté "One day I'll stop to listen" - que tu peux interpréter de deux façons complètement différentes. J'adore l'idée d'un duo où les deux personnes chantent pleins de parties différentes dans le titre plutôt que d'être en compétition avec l'autre en chantant en même temps.
Quel genre de vin recommanderiez-vous avec l'écoute de "I had a dream that you were mine" ?
Hamilton Leithauser : Une bonne bouteille, une que l'on sort pour les grandes occasions !
Rostam Batmanglij : Quelque chose de sec.
Est-ce que nous aurons la chance de vous voir en concert en France bientôt ?
Hamilton Leithauser : Oui absolument. Pas de date encore, mais nous serons là, c'est une question de mois.
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