Il y a les lundis de septembre, les jours de froid et Ina Ich… ça pique un peu tôt le matin, mais c’est là que nous puisons notre énergie préhistorique, quand l’instinct de survie fait pousser des cris de rage incandescente. Troisième album du groupe, II3 est une bombe A que nous envierait Kim Djong Hou (même pas peur).

Des scies électriques dans un hangar bétonné, une fille à talons, les cheveux de Marie Toutouille et la voix fine à la limite de l’ultrason. Ina Ich, c’est d’abord Kim Thuy Nguyen, cette voix féminine accordée aux cordes déchirées de Brad Thomas Ackley et Aurélien Clair. De quoi faire éclore un punk peroxydé dans les corsages.

Furieux et déjanté, à se jeter le corps en travers de la pièce, à tomber du lit et à rugir de plaisir, Ina Ich rassemble les codes de l’électro-rock-gothique. Ecorché vif et sombre, l’album est un passage dans le monde glauque et non compatissant des trolls en goguette autour d’une pièce de bœuf, saignante évidemment.

Il paraît que le rock français, c’est un peu comme le vin anglais ou le saucisson américain, ce n’est pas trop ça. Mais Ina Ich massacre ce cliché à grands coups de machette atomisée pour nous livrer ses textes en français, et sa poésie branchée. Parce que malgré son air buté et son adorable moue, Ina Ich chante l’amour, la fin du monde et fait un big fuck aux moutons.

Parce qu’en musique comme ailleurs, si tu ne nous fais pas un tube au format des "petites oreilles supra bioniques" d’un "dictateur artistique", tu es vite oublié ("Fais-nous un tube"). Ça sentirait bien le vécu ça. Le son est identifiable à la première note, la voix de la chanteuse y est pour beaucoup. Le temps d’Ame Armée n’est pas loin derrière, et le titre reste d’actualité.

Ina Ich propose également la bande son du chemin de sa destinée. C’est vrai quoi, être une fille et se décoiffer sur des basses électro-énervées comme un homme ? Mais quelle idée fabuleuse ! Entre le claquement rageur adolescent et la conviction syndicale, "Lève-Toi" et "Rien à foutre" sont de vrais hymnes à la personnalité piquée "n’écoute pas leur sale voix, ne plie pas sous leur poids", "tu passes ton temps à ressembler à d’autres gens qui veulent ressembler à tous ces accros des fashion code, à ces ptis soldats qui suivent la mode".

Et puis l’amour qui fait faire n’importe quoi "Ma chair et mon sang", l’inévitable séparation des cœurs et des corps "Tes silences"…

Kim est l’âme du vacarme d’Ina Ich, elle a su s’entourer de musiciens aussi électriques qu’elle pour constituer cet album sans perdre la fougue de ses premières notes et les grincements de rage primaire. Vous reprendrez bien un peu de moutarde avec ceci ?