Troisème jour de festival et la programmation abandonne un moment le rock pour consacrer comme à l'habitude la soirée du samedi à un melting pot culturel où se cotoyent raï, ragga et musique traditionnelle bretonne.
Et, après avoir malheureusement raté la prestation de David Crozon, c'est justement sur ce projet de mélange entre le blues rock de Rodolphe Burger et la tradition bretonne d'Erik Marchand que nos oreilles s'arrêtent. Le public est hétéroclyte, concert gratuit et variété des genres obligent. Erik Marchand est là au devant de la scène, proposant son chant aux intonations presque orientales sur des programmations et la guitare de Burger et l'oud de Mehdi Haddab.
Passage sur la grande scène pour le début de la performance des anglais de The Herbaliser. Soutenus par les samples et les scratches de leur préposé aux platines, les 8 membres du groupe mèlent percussions, vinyls et cuivres pour un mélange etonnant entreun jazz enlevé et le funk le plus efficace. Une sorte de Beastie Boys anglais où les voix auraient été remplacées par des cuivres. Original et très efficace.
Peu présent dans les medias, c'est sur scène que Rachid Taha préfère s'exprimer. Entouré d'un groupe à l'image de sa musique, rockeurs et musiciens traditionnels du maghreb, le tout dans une ambiance festive, le métissage est parfaitement dosé, sans que l'une des 2 cultures n'écrase l'autre, comme ce doit être le cas dans le coeur du chanteur. Il nous livre donc un concert très chaud et rythmé sur lequel il ajoute ses textes arabes ou français (voir anglais .. ) louant la paix et la tolérance.
Après un "Rock the casbah" , tube de son dernier opus, qui finissait d'emballer la foule, il finit avec quelques notes plus électroniques.. un présage pour le travail à venir ?
L'an dernier Magyd Cherfi et Rokia Traoré avaient chauffé la température sous le chapiteau de la place Poulain Corbion. Cette année, après le métissage de Rachid Taha, l'Afrique noire est à nouveau là, incarnée par les plus beaux amoureux des dernières victoires de la musique : Amadou et Mariam.
Simplicité, générosité, et bonheur peuvent résumer tout ce qu'ils donnent en concert ! Leurs messages sont on ne peut plus clairs : "Liberté pour tout le monde, du bonheur pour tout le monde, de l'amour pour tout le monde ! " et même sur des thèmes plus revendicatifs comme ces paroles en soutien au peuple Togolais : "Maintenant ca suffit , tu nous as assez divisé, tu nous as assez exploité...". Jamais aucune haine ni agressivité ne pourra se dégager de ces amoureux du bonheur, souriant et heureux de faire se déplacer les foules !
Bonheur partagé avec tous les membres du groupe qui semblent en totale harmonie avec les deux complices. Coté musique, les instruments ne sont pas vraiment traditionnels : la guitare d'Amadou, la basse de Laurent, la batterie d'Igor et les claviers d'Yvon, sonnent rock et blues, mais c'est compter sans le percussionniste et son djembé notamment ! A lui seul il insuffle tout le rythme mandingue qui donne la note envoutante, et qui aide à déchaîner un public conquis d'avance par tant ... d'innocence (?)
Et dire qu'il était prévu d'enchainer avec l'aggressivité de Capleton ! Merci de cette annulation au profit de Patrice , on avait tout a y gagner !
C'est donc ce même Patrice qui termine la soirée en réconciliant amateurs de blues, de reggae, de ragga et de rock avec sa musique hybride qui porte une voix hors du commun. Tout le groupe est à l'unisson pour faire bouger la foule restée en nombre sur la grande place de Saint Brieuc. Patrice parle avec le public, joue avec ses excellents musiciens et mélange des morceaux des tous ses albums.
Encore une excellente journée à Saint Brieuc avec une organisation sans faille et une programmation véritablement parfaite.
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