Solo performatif conçu et interprété par Christine Armanger.
Comédienne et danseuse, Christine Armanger propose des spectacles ressortant au seul en scène, tels "Pourpre" et "Sophie" autour du thème du trouble du désir, toujours personnels et singuliers.
En effet, ils ressortent au registre performatif sublimant l'implication du corps qui n'est pas sans évoquer celui d'artistes contemporaines telle Marina Abramovic dans le domaine de l'art corporel sans aller toutefois jusqu'au à la mise en danger et à la violence que celle-ci s'inflige.
Ce que confirme le premier volet de "Edmonde et autres saint(e)s", un projet inscrit dans une exploration d'un siècle caractérisée par la perte de valeurs, qui se réfère à l'anthropologie théologique, en l'occurrence l'imitation des saints, pour laquelle elle procède à deux approches antinomiques tant au fond qu'en la forme.
D'une part, avec des inserts vidéo, l'intervention d'un personnage autofictionnel, prénommé Edmonde, qui diffuse sur le web des tutoriels fantasques, humoristiques et profanes, voire blasphématoires au regard de la religion catholique, pour reproduire de manière satirique et démystificatoire les tortures subies par les saints martyrs.
D'autre part, sur scène, insérée sur fond de rituel liturgique avec encens, bougies votives et sonnerie de carillons, leur transposition par voie de représentation dramatique et allégorique de l'épreuve mortelle infligée au chrétien qui rend compte du caractère polysémique de la douleur subie au nom de Dieu qui inclut une composante d'extase mystique, d'érotisation du corps et de douleur transcendée.
Sur un plateau nu maintenu dans la pénombre, simplement éclairée par la lumière émanant de bougies créant des clairs-obscurs caravagesques, Christine Armanger se métamorphose en Saint Sébastien transpercé de flèches, Sainte Agathe au seins découpés, Sainte Lucie aux yeux arrachés et Sainte Wilgeforte la barbue crucifiée, au terme de partitions chorégraphiées générant des images troublantes et hypnotiques qui, stylistiquement, évoquent la fusion picturale du baroque et du symbolisme à la Gustave Moreau.
La confrontation des deux formes, notamment par son alternance répétitive, peut déconcerter nonobstant son intérêt quant au traitement de l'iconographie religieuse véhiculée primitivement par la peinture de dévotion et qui s'inscrit dans son détournement opéré par l'art contemporain. |