Comédie dramatique écrite et mise en scène par Arnaud Denis, avec Marcel Philippot, Audran Cattin et Grégoire Bourbier.
La partition "Le personnage désincarné" écrite par Arnaud Denis s'inscrit dans le topique de la mise en abyme pirandellienne.
Usant de deux artifices, l'un ressortant au fantastique, la faille temporelle, l'autre à la licence littéraire, en s'affranchissant de la présence du médium qu'est l'acteur qui incarne le personnage, il la situe dans le cadre d'une représentation théâtrale au cours de laquelle un personnage, un adulescent qui se suicide, refuse ce destin imposé ce qui entraîne l'ire de l'auteur présent dans la salle.
Sur l'argument principal en relation avec le théâtre, sa fonction, la mimésis de la représentation, le rôle du public et l'auteur métaphore du Créateur avec majuscule, se greffe une surabondance de thématiques.
Essentiellement, des concepts philosophiques tels l'existentialisme, la topologie et la vacuité de la condition humaine, la présence au monde et le lâcher prise, le paradigme de la fatalité, l'esthétique réaliste qui décrypte le champ de la réalité dans l'écriture fictionnelle, la frontière entre réel, réalité et fiction, fiction et vraisemblance, non-réalité et la réalité de la fiction, et la fictionnalisation de soi comme reconstruction de la réalité, auxquels ceux psychanalytiques avec la relation père-fils, la remise en question critique de la loi du père et la nécessité de "tuer le père".
La confrontation se déroule comme un match en deux rounds, nonobstant deux dispensables intermèdes, l'intervention intempestive d'un tiers (Grégoire Bourbier), un faux spectateur invectivant l'auteur puis un régisseur qui désamorce tout suspense, au cours de laquelle le personnage ne renonce pas à tenter sa chance pour conquérir sa liberté.
Comédien et metteur en scène, Arnaud Denis dirige efficacement Audran Cattin, convaincant dans le rôle du jeune donneur de leçons qui défie le monde, et Marcel Philippot magistral dans celui de l'auteur démasqué et débusqué. |