A Youthful Dream
(Fat Possum Records / PIAS) juin 2016
Bon, sans rire, sans tricher et sans googleliser : vous savez où se trouve Aarhus vous ?
Et bien c'est la deuxième ville danoise, un port industriel gris sombre. De ce genre de villes ou de lieux d'où émergent des sons bruts et des colères poussiéreuses. C'est le terreau fertile pour les groupes punk, néo-punk, post-punk et autres labels idiots qu'on colle sur chacun pour essayer de s'y retrouver, d'ordonner le rock et la musique en général ; comme si c'était possible...
Aarhus, c'est donc le lieu d'origine du groupe Yung et de son leader âgé de 21 ans : Mikkel Holm Silkjaer.
J'ai placé la galette sur la platine et ajusté mon casque. Autant le dire franchement : je me suis questionné immédiatement pour savoir si je continuais. Rien ne me plaisait de prime abord, que ce soit le son que je trouvais brouillon ; la voix, étonnamment peu mise en valeur ; la guitare, lente, articulée, presque ânonnée. Bref... Mauvais départ me direz-vous. Pourtant, la première piste est puissante et nerveuse. Comme je les aime.
Et puis... Et puis le son s'installe. M'apprivoise. Les rifs de guitares deviennent intelligibles et les quelques envolées tombent avec une efficacité redoutable. Car en fait, tout est plus précis et calculé qu'il n'y paraît, notamment avec cette ambiance studio au départ de la première piste. Un peu comme sur certains morceaux des Beatles. Ou sur le premier mouvement de la Neuvième de Ludwig Van (bien que là, il ne n'agisse pas vraiment d'une ambiance de studio). D'autres l'ont fait hein, c'est juste que de composer mes rubriques au petit matin, blème (comme il se doit), m'ôte un brin de lucidité.
Les morceaux s'enchaînent, dans différentes ambiances, du rock puissant à la ballade en passant donc par un punk débraillé qui m'interpelle.
C'est facile à dire après avoir (péniblement) repéré Aarhus sur la mappemonde mais de l'ensemble se dégage cette froideur nordique qu'on retrouve dans moult films ou séries, séries nordiques qui déferlent actuellement sur nos télés et nos sites de replay. Je pense tout particulièrement à Trapped qui nous avait bien refroidi cet été mais surtout enthousiasmé.
Donc, tout se met en place, sauf peut-être la voix qui mériterait un autre traitement. Est-ce la voix elle-même ? La production ? C'est peut-être aussi une volonté de rendre le tout plus cohérent, une démarche de groupe plus que celle, très fréquente d'un leader accompagné de son fidèle groupe. Il est pourtant affirmé le contraire dans nombre de critiques : Mikkel Holm Silkjaer (puis-je vous appeler Mikkel ?) aurait phagocyté un obscur groupe garage / punk pour le modeler à son image. L'avenir nous le dira.
Ah... Je bouclerai enfin sur un détail. Minuscule. J'avais regretté sur ma chronique des Seratones (sur le même label) de n'avoir pas trouvé de mélodies facilement sifflotables alors que tout m'emballait, là, c'est un peu le contraire. Je suis moyennement pris (satisfait dans l'ensemble) mais je sifflote toute la journée. Notamment l'ornement du premier morceau : "The hatch".
Alors ? Dans l'ensemble c'est réjouissant et c'est déjà beaucoup. De plus, on peut espérer que le groupe se développe, gomme quelques défauts et enchaîne les galettes jouissives. Faut juste que les loups nordiques ne les mangent pas...
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