Quelques EPs sortis ces derniers mois ont suscité beaucoup de curiosité et d’attente autour de The Pirouettes. Médiatiquement, le duo ne passe pas inaperçu et a quelques atouts dans sa poche : un couple aussi bien à la ville qu’à la scène, la jeunesse en étendard, un look bien ancré dans notre époque, shooting avec Hedi Slimane, crédibilité artistique (également batteur de Coming Soon pour l’un, étudiante en art pour l’autre), adoubé par Etienne Daho...

Mais Vickie Chérie et Leo Bear Creek confirment avant tout leur potentiel musical avec ce premier album qui débute par un trio de chansons captivantes : le bien nommé "Coup D’Eclat", la ritournelle "Carrément Carrément" et l’enivrant "L’escalier". 3 morceaux déjà représentatifs d’un style Pirouettes : une pop synthétique mélodieuse, chantée à deux voix et dont l’inspiration doit beaucoup à la variété française, cette dernière assumée pleinement, sans aucune gène, à l’image des reprises d’Yves Simon ou de France Gall publiées précédemment ou de l’admiration ouvertement portée à Michel Berger.

Les textes sont une autre spécificité du groupe : ingénus, faussement simples, résolument contemporains, ils captent l’air du temps et les préoccupations d’une génération à la fois tournée sur elle-même et obnubilé par les relations sentimentales. L’utilisation d’un vocabulaire actuel ("se liker" ou "pécho" par exemple) contribuent à marquer le groupe dans son époque. Les chants masculins et féminins se mêlent, se répondent ou se chevauchent, créant ainsi une ambiguïté et une sensualité captivantes. Le duo offre ainsi des morceaux imparables et malins à l’image de l’irrésistible "Jouer le Jeu", la mise en abyme de "Signaux" ou encore "Je nous vois" et son entêtant refrain.

Parfois un peu moins convaincant sur des titres plus contemplatifs ("2016") où le trait de la nostalgie semble un peu forcé, l’album ne perd cependant pas de son attrait, et impressionne au contraire par son écriture lucide et sa production homogène et maîtrisée. Telle une collection de polaroids des années 2010, Carrément Carrément fait coexister la tradition de la chanson française des 70’s avec la modernité du son et du propos, curieux et attachant paradoxe que nous offre The Pirouettes.