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L’incertain  (Autoproduit)  octobre 2016

Il y a un temps pour tout, un temps pour agir et un temps pour s’arrêter, pour écouter cet album calme et puissant, un rock poétique qui nous repose et nous conduit dans la réflexion, tant il colle aux textes de François Staal. Nous voilà invités dans "L’incertain". Oh pas l’album, lui est certainement magnifique si vous aimez les ambiances, la chanson qui dit des mots intelligents, cherchés, puisés dans le grenier de François Staal, là où il dépose ses idées. Ses mots d’où sortent ses musiques, quand ils viennent, comme un ange "athée" lui parler à l’oreille et lui dire "l’incertain".

"La conscience du monde dans lequel nous vivons. L’incertain peut-être positif ou négatif" (François Staal).

Les bases sont posées pour entendre les douze titres de cet album qui s’adresse à ceux qui veulent bien prendre le temps de réfléchir. Avec le temps qui passe, temps présent plutôt négatif, l’incertain nous réserve peut-être un temps positif. Qui sait ? Alors nous voilà de suite devant une question, une question clé, importante, fascinante et urgente : "Quelle est notre mission ? Quelle ne serait pas notre déception si nos ivresses nous laissent la terre. Je pleure, j’en tombe à genoux". Pessimiste François Staal ? Non, réaliste.

Je pourrais développer, répondre mais tel n’est pas mon devoir ici. Il est simplement de vous dire comment ce disque qui ne peut laisser indifférent me touche, m’a touché. La voix de François Staal, l’arrangement musical, le son, tout est profond, grave, sans être forcément triste ; car notre homme ne broie pas du noir. Pleurer, cela fait du bien. Il n’y a pas plus homme qu’un homme qui pleure. Ce n’est pas une mouillette, et se mettre à genoux c’est un signe de réalisme, car que faire surtout devant tant de peines ? Se détacher du mur.

On peut "faire mieux pour devenir frère, abandonner l’éphémère". C’est déjà pas mal ne trouvez-vous pas ? Car frères nous le sommes en humanité. Mais nous l’oublions tellement, "Il y a une rivière ancienne, portant le monde qui sera", cette rivière ancienne nous l’entendons presque couler si nous nous apaisons et écoutons la musique couler : les notes formant cette rivière. "Loin d’ici nous marchions, nous rêvions", loin de ce monde certainement. Oui, il est possible de marcher paisiblement et de rêver à un monde plus juste. Encore une fois je ne me mêle pas, je dis ce que j’entends et ce que je ressens. Avec la musique de François Staal, ce rock poétique et le texte qu’il vaudrait la peine d’approfondir, de pouvoir lire et relire. Mais avec la musique, cette rivière calme, il est possible, tout à côté, de marcher et avec François Staal, de se laisser aller à rêver.

De la rivière nous arrivons dans une bibliothèque, mais finalement ne sommes nous pas là aussi au calme ? Au bord d’un écoulement d’idées de pensées qui font que… "Je ne suis sous le regard de personne… je me repose comme l’ange calme… j’ai vu tomber les branches de livres… je suis serein". Des mots qui coulent, qui disent l’indépendance, la liberté, la paix, la culture… pourquoi alors s’énerver, se laisser aller à l’angoisse, autant rester serein… face à l’incertain. Dans cette bibliothèque de notes posées qui raisonnent et tombent de l’arbre poétique, la sérénité de François Staal nous calme aussi. Cet album est apaisant, un bienfait dans un monde effrayant, bruyant… chut nous sommes dans une bibliothèque.

De la sérénité profonde, calme nous passons à une forme de désespoir. Car la vie est dure, incertaine, tendue. Il y a tant de questions : ah si il était possible d’"effacer les si et les questions… le rebelle de tes espoirs de tes ombres sereines… sans lui je ne suis pas, je me nuis… rien sans réponse, sans soutien, je me maintiens, me soutiens, je me nuis, je me nuis aussi". Pas rigolo le disque de François Staal, mais tellement vrai, et comme je vous l’ai déjà dit la musique appuie le texte avec force douceur. Peut-on être serein et se nuire ? Rien est figé, ici-bas, rien est figé, on ne peut nous mettre dans une boîte avec une étiquette sur le front.

"L’incertain" le voilà qui sort de la guitare et de la voix de François Staal, de sa voix posée, en duo avec Sophie Gourdin. "On voulait s’élever vers la lumière, l’incertain devant nous, juste on s’aimait en mai, l’incertain était brillant, nos idées folles se hissaient, l’incertain devant nous, t’en souviens-tu Lisa, l’incertain, te souviens-tu des doux visages de ces temps-là ?" Nous remontons dans la rivière du temps, mai 68 (?), où pour beaucoup l’incertain paraissait plus juste, autre. Mais force est de constater que… alors un peu de mélancolie… je ne sais si le mot est juste, mélancolie, devrais-je dire souvenir ? Mais vous savez en écoutant cette musique si particulière, non pas innovatrice, mais tellement universelle qui porte le texte, où n’est-ce pas l’inverse finalement, que vous notez des mots, peut-être d’une manière incertaine mais c’est justement ce à quoi ce sublime album nous conduit, ou pas.

Emilie Marsh rejoint François Staal pour un duo où Emilie est discrète. Présente mais discrète : "derrière la vitre teintée ton visage est passé. Je ne t’ai jamais rencontré… ton visage envolé", une fort belle chanson, pas la meilleure, il n’y a pas de meilleure, comme pour un "concept album" équilibré qui va de-ci de-là nous amener vers un final que l’on peut imaginer spécial.

L’amour fait partie de notre vie, il peut s’avérer incertain. "S’il faut vivre et décider de rester sans se regarder, sans te regarder." Où qu’aille l’amoureux c’est certain qu’il pourra dire "il n’y a que toi". Est-ce possible aujourd’hui ? Notre société du zapping se répercute sur les sentiments amoureux. Mais François Staal chante, lui chante "il n’y a que toi".

La poésie de François Staal nous surprend, voilà qu’elle monte sur une cheval étrange. Vous écouterez. "Je remontais sur mon cheval azur sans selle, haine, rien, au-dessus des mers et des murs et de son beau galop sans fin… jusqu’à l’usure". On se laisse porter par ce cheval, soudain le choc "n’entre pas ou tu es mort". Une menace qui ne freine pas le cavalier : "Je cavalais jusqu’à l’usure, je l’aimerai jusqu’à l’usure" et nous, nous écouterons jusqu’à l’usure. Car il faut comprendre saisir le texte. Sa beauté et sa portée sur les mers et les murs : cela raisonne d’actualité, dans un temps où les hommes érigent des murs par-delà les mers pour se protéger de leurs frères. Le poète est sensible, il ne peut se taire, il le fait sans haine, voilà pourquoi cet album est calme et fort.

Assez fort pour marcher 500 lieues, le poète s’exprime : "Je n’ai pas donné mon accord, aussi, que vole le cormoran, aussi, que le vent me foulera… aussi loin que le vent me parlera". Le poète aime les mots, il jongle avec. Ces mots portés par le vent qui changent les hommes "aussi que les mots encore vogueront aussi loin que les flots, je tiendrai bon". Soit nous nous laissons manger par un système où les mots forts dominent, ou alors nous résistons et marchons à contre-courant en tenant bon. Voilà un peu ce que me donne à penser cette longue marche. Mais je suis peut-être à côté de la plaque, me direz-vous, peut-être, mais la poésie surtout portée, supportée par une musique qui sort des mots, que vous dire de mieux ?

Il faut bien un rempart, surtout face aux vampires. Avez-vous peur des vampires ? Non pas ceux des séries débiles pour minettes où ceux des petits bijoux du cinéma avec Peter Cushing et Christopher Lee - nous laisserons le Dracula de Coppola de côté, m’sieux, dames. Avez-vous peur des vampires ? Que viennent faire ces vampires dans l’incertain ? Eh bien ils sont bien là et plus dangereux que celui de Stoker. Plus cruels, plus puissants car vrais.

"Qui suis-je ? Que puis-je ?
Je suis l’Archange du désespoir
Le compagnon de l’abandon
Le saint patron des âmes déchues
Je suis celui qui protège, frères humains.
Au combat des libertés nos âmes justes se perdront peut-être.
Dénigré, spolié, volé, je suis l’archange
Les Vampires s’en prennent à mon âme,
Ils prennent tout.
Je suis le rempart
Le compagnon de l’abandon,
Le saint patron des âmes déchues."

Prises de notes, mots entendus. L’entendant, voilà ce que je suis devenu, voilà ce que nous devons devenir. Ecouter. Alors ce sont mes notes, non de musique, mais mes retenues. Un disque bouleversant. On ne peut pas l’écouter et dire après : "allons mangeons et buvons car demain nous mourrons". La pause doit se prolonger, la réflexion aussi. François Staal nous emmène encore un peu plus loin : "Au gris du velours, nous avions effleuré l’abandon, nous avions effleuré le désir… Nous marchions… Au bout du monde au Nord à côté des banquises de Arctic Bay. Au bout du monde… encore à côté des soleils de Artic Bay… Nous avions retrouvé l’horizon, échappé nos passions. Les bleus tenaces en haut sur la glace nous ont marqué à jamais". Ce n’est pas très joyeux, cela parle de choses qui nous concernent, loin de nous les débats stériles, c’est de la poésie rock, avec une musique qui accroche, une voix qui vous empêche de lire en écoutant, d’ailleurs, lire quoi, il y a assez de poésie pour alimenter ses neurones conditionnés par un système hypnotique. Mais le poète en est-il vraiment immunisé de ce système ?

"Le sol se dérobe, le ciel est en crise… pourvu que le monde tienne ses promesses" pas de haine chez François Staal, il pense encore qu’il est possible qu’il y ait du bien qui sorte de cette boue qu’est devenu notre monde. Baudelairien, il cherche le beau, il aime le beau, mais : "sans jamais de jamais, sans retour à la rame, à la rive. Quelle chance que je trouve, quelle chance."

François Staal, sa poésie Rock, si j’ai essayé de recopier le plus de mots c’est qu’il est certainement doué :
"On s’enlise
On navigue dans le mal être
Ou le pas être
De glace, de grâce
Une douce affection de ma pensée
Sans retour
Sans jamais de jamais
Sans retour à la vie…

Alors après avoir goûté cet instant, François Staal qui n’est pas pessimiste, nous laisse un final : des sons. Après les mots les sons… L’incertain.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album L’irrespect de François Staal
L'interview de François Staal (vendredi 7 octobre 2016)

En savoir plus :
Le site officiel de François Staal
Le Bandcamp de François Staal
Le Soundcloud de François Staal
Le Facebook des fans de François Staal


Ichigo Samuru         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
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