Ce soir, à la Maroquinerie, soirée promotion du label français Productions Spéciales qui présentait notamment Mathis and the Mathematiks pour son unique concert parisien.
Avec Mathis and the Mathematiks, sa seconde formation après Mathis' Mathematical Blues, le leader Mathis Haug, qui joue également dans le groupe Spoonfull, vient de sortir, en co-écriture avec Seamus Taylor, 5 un album bluffant à écouter d'urgence !
Nous sommes conquis d'avance et nous les attendons avec impatience après la prestation en demi teinte de Lisa Papineau.
Cette américaine qui a élu domicile en France, entourée de musiciens français, propose un set mid tempo qui n'arrive pas à convaincre totalement.
Trop de retenue et de maniérisme peut être...
Comme pour mettre d'entrée les choses au clair, Mathis Haug arrive seul sur scène histoire de poser l'ambiance. Avant tout songwriter, Mathis interprétera donc "B 52" en solo (on en aurait d'ailleurs apprécié d'avantage). De sa guitare acoustique défoncée et de sa voix chaude, il saura rapidement s'attirer et retenir l'attention du public.
Discret dans sa chemise mao à fleurs brodées Mathis n'a rien d'une rock star. A la fois réservé et entièrement habité par sa musique, arcbouté sur sa guitare, il nous fait immédiatement penser à David Eugene Edwards.
Et c'est en effet du côté des Amériques que nous entraine ce citoyen du monde (il faudra attendre un premier intermède pour se rendre compte, presque surpris, que Mathis parle en fait français comme vous et moi).
Accompagné par Seamus Taylor à la guitare et au clavier, Quentin Brène à la batterie et Fabio à la contrebasse, Mathis nous propose leurs dernières compositions. Entre blues endiablés et ballades folk, il nous livrera, décontracté, quelques monologues présentant ses titres brièvement ou encore narrant les malheurs de son bouton de pantalon qui vient de lâcher (la chemise ne tardera pas non plus à tomber quelques temps plus tard).
Visiblement à l'aise et heureux de jouer, ce fin guitariste possède également une voix peu ordinaire, mêlant des minaudements funk aux sonorités aigues (on pense beaucoup à Finley Quaye) et un blues plus roots mais néanmoins toujours très rythmé.
Des morceaux comme le sensuel "Blush", l'hallucinant "Voodo bitch" ou le superbe "Did you come" prennent toute leur ampleur en live permettant aux musiciens de se lâcher complètement dans des bœufs ahurissants de virtuosité qui prennent au tripes.
Avec la chanson hommage à son instrument, la guitare, sur laquelle Mathis, totalement habité, nous restitue le meilleur de lui-même, de cette musique transcendée, intemporelle, qui vient du fond des temps mais aussi de l'âme. Et du blues il en connaît en rayon puisqu'il nous annonce même que son papa est Mick Jagger mais que ça fait bien longtemps qu'il ne fait plus de rock et de reprendre dans une version sensuellement barrée un "Jumpin' Jack flash" remarquable.
Et puis c'est aussi un bonheur de voir les musiciens jouer vraiment ensemble, à l'écoute, se regardant, sourire.
Le public est définitivement conquis mais le groupe suivant attend et Mathis quitte la salle après une superbe chanson dédiée à un ami "The wolf "sans un ultime rappel. Un prétexte comme un autre pour aller le revoir dès qu'il nous en redonnera l'occasion. En attendant faites chauffer la platine avec 5 !
C'était là qu'il fallait être ce soir ! Dommage pour les absents !
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