Cela fait longtemps, quatorze ans maintenant, que Frustration agit comme une sorte de rouleau compresseur qui emporte tout sur son passage, comme un marteau-piqueur qui te vrille le cerveau et te remue le cœur. Quatorze ans que le groupe grandit au rythme de son label (Born Bad Records) qu’il écume les salles et qu’il draine un public fidèle.
Quatorze ans que Frustration démontre que c’est un groupe avec des valeurs, humble mais intransigeant, sans tromperie mais avec une ligne de conduite et une musique entre post-punk et cold wave, rappelant également parfois Beak ou Cheveu, autre groupe chez Born Bad. Le tout en trouvant et en creusant son propre style naturellement.
Empires of Shame ne change pas vraiment la donne, même si, pour le coup, le groupe s’éloigne de la cold wave et se rapproche encore un peu plus d’un post-punk plutôt racé. L’ambiance, la thématique générale (et l’artwork des pochettes) semble également passer de l’évocation du monde du travail avec tout ce que cela peut comporter de positif comme de négatif à celle du consumérisme, de la société, du politique et du social. Mais l’univers du groupe Français reste, avec ses rythmiques binaires, ses deux doigts dans la prise, ses mélodies au cordeau et son intensité, véritablement oppressante. Il y a quelque chose de flamboyant dans cette musique, quelque chose d’incandescent ("Dreams, Laws, Rights and Duties", "Mother Earth In Rags", "Minimal Wife", "Excess", "Cause You Ran Away", "Just Wanna Hide"…). Seul "Arrows Of Arrogance" en forme de dark folk fait figure de moment de "repos".
Bref c’est direct, absolument efficace, ça va à l’essentiel et ça tabasse comme on aime ! Frustration est tout simplement, par sa musique, ses textes, son haittude, l’un des derniers groupes de rock crédible en France…
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