Lucioles, premier album du collectif Azad Lab. Pensé pour la nuit, cet album hip-hop se veut mélange des genres et urbain. Ils sont six, ils sont toulousains et promettent un show tout en sons et lumières. Essayons.
Le temps que j’ouvre les écoutilles de mon vaisseau spatial, "Milky Way" se baladait dans ma paisible demeure, fichant tout par terre et zigzaguant joyeusement entre le bazar de ma cuisine de sa trompette entraînante. Il était trop tard pour revenir en arrière, j’étais contaminée par le virus qui bouge ses fesses. Pas moyen de rester immobile, la tatadite s’était emparée de ma bouche et le tsoin-tsoin de mon corps. Une furieuse envie de chanter n’importe quoi en dansant sur le canapé.
Au réveil, Lucioles est frais, pimpant et cinglant de bonne humeur. Il vous sort du douillet pour s’enfiler un triple espresso et une tartine de fromage (je me disais bien qu’elle était pâlotte, cette confiture). Le midi, Lucioles est une salade du pêcheur au pavé de bœuf sans les couverts (qui étaient en plastoc… la fête est plus folle), accompagnée de légumes croquants (encore un peu congelés au centre même). Le soir, Lucioles est un tour tout terrain, des passages dans les flaques, celles qui laissent les projections spécifiques dans le dos, jusqu’aux cheveux.
Lucioles est un peu plus qu’une création urbaine, il rythme le quotidien d’une énergie propre aux basses du hip-hop, il jalonne les journées du clair-obscur propre à la traversée noctambule d’une ville endormie. Les introductions sont à deux lignes, une voix et un instrument, puis une troisième se greffe, puis une autre, et encore une autre, faisant monter le rythme du morceau… pause… et reprise, en douceur ou plus effrontée que jamais.
Et c’est avec une évidence non feinte qu’on se retrouve happé par la mélancolie d’un morceau sifflant de solitude, empreint du sentiment spécifique ressenti quand je regarde se démener les passants ("Taïga").
"Brûle, consomme ton paradis, vivre, et attiser la braise, ivre dans la chaleur jusqu’à ce que les fantômes se taisent… Brîle, consomme ce bout de vie, vivre, jusqu’à la fin du rêve, ivre dans la chaleur jusqu’à ce que le soleil se lève" ("Sfumato"), la poésie d’Azad Lab se hisse dans les méandres de la conscience, entre peur et espoir.
Surprenant par un tendre air de piano, nuancé de sonorités électroniques, violent par des paroles coléreuses jetées au visage, bluffant par les facettes de l’ensemble, cohérent dans tous ses titres, l’album est un monde sonore imprégné de hip-hop flamboyant.
Tout s’explique par la constitution du collectif, une chanteuse soul, un ensemble de cuivres, de la corde et du frappée, un peu d’électro, pétrir deux EP et laisser mijoter cinq ans, le tour est joué, Lucioles est créé. Une énergie puissante et communicative. Et ils ne s’arrêtent pas là. Les prestations scéniques sont des spectaculaires mises en scène sons et lumières, pour le plus grand plaisir de vos yeux réjouis.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.