Magic Mirrors
(Tourcoing Jazz Festival) samedi 22 octobre 2016
Quoi de plus joyeux que de faire tomber le rideau sur la 30ème édition du Tourcoing Jazz Festival par de la musique klezmer ? "Et voici celui qui a révolutionné le genre", présente avec ferveur l'organisateur tandis que la foule de spectateurs s'amasse dans le coeur rouge du Magic Mirrors, presque trop petit. Loin du look révolté et avec beaucoup d'humilité, David Krakauer et sa formation Krakauer's Ancestral Groove, lance les premières notes frémissantes, signe que la fête peut commencer.
Pourtant, David Krakauer aurait de quoi se vanter. Virtuose de la clarinette (et de mener de longues tirades sans respirer comme dans "Synagogue Wail"), il a su, dans la lignée de musicien John Zorn, moderniser le style klezmer avec succès. Pas question pour autant de tourner quelques boutons à effet pour le rajeunir. C'est bien plus subtil. Indéniablement, la tradition musicale est portée par le jeu du New Yorkais. Des envolées de notes, vibrantes, nostalgiques et qui paraissent se répéter à l'infini. Il le développe dans les années 80, fruit d'une rencontre avec le groupe The Klezmatics qui lui indique la voie de la musique Yiddish. Autant dire ses racines : il est originaire d'une famille émigrée de Pologne.
Lors du concert, dans un français soigné, il l'explique avec beaucoup de joie. Son nom, Krakauer, est d'ailleurs un hommage à Cracovie. Et lorsqu'il s'y rendra en 1992, il en reviendra avec le morceau "Krakowvski Boulevard". Balade hypnotisante, colorée par des touches électroniques et un groove de basse inégalable.
Car si les références à ses racines sont nombreuses, le Krakauer's Ancestral Groove est à l'image du musicien : multiculturel. Le style du clarinettiste, explosif et joyeux, se marie à la perfection au groove, au funk, à l'électro qu'amènent autour de lui, des musiciens exceptionnels : Sheryl Bailey à la guitare électrique, Jérôme Harris à la basse, Michael Sarin à la batterie et Jeremy Flower au sampler. "Moskovitz and Loops of It" que le groupe jouera en deuxième rappel n'a pas à rougir d'un morceau de Caravan Palace. Krakauer serait-il d'ailleurs une influence ?
Reste que devant tant de génie et de générosité, on en finit le concert, soufflé et une irrésistible envie de continuer de danser. Une fin de festival de toute gaieté.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.