Déjà 20 ans que ce bon vieux Mathieu Boogaerts nous promène dans son univers musical si particulier, minimaliste très souvent, avec sa voix discrète que l’on reconnaît dès les premiers mots. Le voilà de retour, donc, 4 ans après son album éponyme, toujours avec ses chansons atypiques faites de bric et de broc et ses mélodies originales et attachantes.
Ce disque, enregistré seul dans une maison isolé à la montagne s’est d’abord construit par le chant de l’artiste autour d’une guitare, sur lesquels sont venus s’ajouter un bongo, un clavier, une guitare électrique et des violons sur quelques titres. On se balade, le long des 13 titres composés d’un ou deux mots, souvent très courts, ne dépassant pas les trois minutes. On rêve, on s’évade, dans des paysages variés, on traverse des jardins, on déambule dans les chemins sinueux des sentiments et des souvenirs.
Mathieu Boogaerts s’interroge sur les rêves d’antan avec "Qu’en est-il" ? "Qu’en est-il de tes projets ? Qu’en est-il de tes plans ? Qu’est-ce que tu as fait ? Qu’est-ce que tu attends ? Qu’en est-il vraiment ?". Ces questions pourraient être celles qu’il se pose après 20 ans de carrière, qui sait ? Bizarre, très belle chanson pleine de poésie, voit l’artiste s’interroger sur sa représentation dessinée par un enfant. Avec pourquoi pas, Boogaerts prend de la hauteur, c’est lui qui le dit, il se pose toujours autant de questions mais rêve d’échappées belles…
"Chhh", j’adore le titre, improbable, voit l’entrée en scène du violon, mélodie sublime, paroles ciselées comme sait le faire si bien l’artiste nous parle du départ, de l’absence mais surtout du bilan d’une relation qui s’arrête. "Non rien ne sera plus jamais comme avant et avant c’était mieux que maintenant".
Une mélodie est parfaite pour bercer les petits (et peut-être les grands), le clavier vient à la rencontre de la guitare, la voix est posée délicatement sur la musique. Boogaerts nous envoûte de nouveau, c’est juste, c’est beau, "sans fausse note aucune" dit-il, "même pendant la tempête" : une vraie belle chanson pleine d’espoir.
Vous l’avez compris, comme dans ses albums précédents, les thèmes sont de nouveau très variés sur ce disque, on y retrouve le bien et le mal avec l’enfer et ses vieux démons, l’amour bien sûr comme une marque de fabrique pour Boogaerts, le désir, toujours, qu’il évoque et chante si bien depuis 20 ans, la liberté évidemment qui le suit toujours mais aussi les doutes (qui le suivent aussi), l’émancipation et les certitudes.
Comme toujours, je reste une fois de plus émerveillé à l’écoute de ce nouveau disque de Mathieu Boogaerts. Depuis 20 ans et son premier album, Super, jusqu’à aujourd’hui, avec Promeneur, j’aime les albums de Mathieu Boogaerts qui ne me déçoivent jamais, j’aime ses textes, j’aime ses mélodies dépouillées, sans trop savoir vraiment pourquoi, sans trop savoir comment le justifier, je les aime tout simplement. Il fait partie de ces artistes que je suis depuis le début, avec lesquels je grandis…
Bizarrement ici, tout ce que je ressens à l’écoute des disques de Mathieu Boogaerts pourrait se résumer par l’écoute de la dernière chanson de l’album, Merci. Comme il le dit si bien dans cette ultime chanson, "j’aime le parfum, les fleurs, tout en ce jardin m’émeut, que vibre très fort mon cœur, que vibre mon corps heureux. Bercé par le charme des oiseaux, leurs mélodies m’enchantent, que coulent mes larmes de joie, aussi moi aussi je chante. Merci".
Merci, promeneur, merci monsieur Boogaerts, de nous avoir promené le temps d’une grosse demi-heure dans votre univers si attachant. Un mois à peine après la sortie du très beau disque de Vincent Delerm, Boogaerts confirme la belle vitalité de la chanson française loin, bien loin des produits marketing insipides de notre téléréalité qui eux, sans aucun doute, ne dureront pas 20 ans.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.