Monologue dramatique de Damien Dutrait interprété par Nelson-Rafaell Madel dans une mise en jeu de Emmanuelle Ramu.
Seulaumonde est le nom du personnage qui monologue dans "Seulaumonde". Pour ne rien arranger, il est mort et a pris la forme cool de Nelson-Rafaell Madel, qui, dès lors va incarner trois paroles à la fois. Celle du principal protagoniste - lui-même - âgé de 20 ans, et celles de son père et de sa mère. Il faut dire tout de suite la grande ambition littéraire de Damien Dutrait est avoir d'emblée conscience que ce que propose ce jeune auteur n'est pas de la pure distraction. Il est encore au moment de sa vie où il préfère la complexité à la simplicité, la cérébralité à l'émotion. Ainsi, la scène pourrait être vide, mais il préfère y introduire des éléments incongrus comme des hauts-parleurs diffusant de la matière sonore, chargés de signifier à l'acteur qu'il n'est pas dans un espace réaliste. En tout cas, c'est au spectateur de faire son chemin vers le texte, et non le contraire, au risque de s'y perdre puisqu'il n'est pas toujours facile de savoir qui parle par la voix de Nelson-Rafaell Madel. Attentifs ensemble, là aussi est le slogan du moment et l'on se demandera si ce très jeune acteur, vraiment prometteur, a la maturité nécessaire pour faire comprendre les changements de discours alors qu'il a sans doute pour consigne de "mise en jeu" d'Emmanuelle Ramu de ne jamais élever la voix. Comme Damien Dutrait n'a pas, par ailleurs, conçu de différences notoires dans les manières de s'exprimer de chaque participant au monologue, on conçoit toute la difficulté de l'entreprise. Si l'on sait surmonter ce qui rend "Seulaumonde" expérimental, on pourra s'embarquer à la conquête de cet univers et peut-être accoster aux rivages d'une écriture dense, sorte d'oratorio de mots habilement pesés et posés, et qui a le mérite de ne succomber à aucune concession. |