Réalisé par Ivan Passer. Tchécoslovaquie. Comédi. 1h11 (Sortie le 16 novembre 2016 - Première sortie ). Avec Zdenek Bezusek, Karel Blazek, Vera Kresadlova, Jan Vostrcil et Jaroslava Stedra.
Dans le renouveau du cinéma tchèque, Ivan Passer a joué un rôle majeur qu’on a peut-être oublié ou sous-estimé au profit de Milos Forman ou de Jiri Menzel.
Pourtant, il est le co-scénariste de "L’As de Pique" (1963) et des "Amours d’une blonde" (1965) de Milos Forman, les deux films fondateurs de la Nouvelle Vague tchèque, avec, justement son propre film, "Eclairage intime".
Cette délicieuse petite escapade campagnarde d’un grand violoncelliste qui vient jouer dans l’orchestre du bled où vit désormais l’un de ses vieux copains de conservatoire reste, cinquante ans après, d’une étonnante fraîcheur.
Dans "Eclairage intime" d’Ivan Passer, il ne se passe pas grand-chose d’autre que la vie d’une petite famille pas très concernée par le socialisme réel. Les enfants sont farceurs, le père porté sur la bouteille. Les repas ne se passent jamais comme prévus et, à tout moment, on improvise ou l’on peut improviser.
"Eclairage intime" est un film culotté qui ose dire qu’on peut vivre dans son petit coin sans se préoccuper du reste, sans savoir même peut-être dans quel régime politique on est théoriquement en train de vivre. On conçoit forcément que ce n’est pas très "catholique" dans une république socialiste.
Ce qui choque encore plus les grognons du régime, c’est l’optimisme du film, loin des pensums patriotiques qui formaient le quotidien cinématographique des spectateurs des pays de l’Est.
Léger comme une bulle, ce film de mauvais élève paresseux n’arrive même pas à atteindre les 90 minutes réglementaires et rend son tablier au bout de 72 minutes d’échappée belle.
72 minutes de petit bonheur saisi par un cinéaste heureux de filmer en contrebande un joli moment où la vie et l’art sont en parfaite harmonie.
Petit chef d’œuvre d’hier, "Eclairage intime" d’Ivan Passer n’admet toujours pas les superlatifs. Cette petite fugue mineure dégage encore un parfum de liberté qu’on aimerait voir imprégner plus de films d’aujourd’hui. |