Réalisé par Nicolas Leclere. France. Comédie. 59 minutes (Sortie le 23 novembre 2016). Avec Hiroto Og, Astrid Adverbe Astrid Adverbe, Pascale Bodet, Yann Guillemot, Sara Viot, Lou Castel, Masa Sawada et Guillaume Bonnier.
On avait découvert les films de Nicolas Leclère lors d’une rétrospective consacrée par le Saint-André-des-Arts à son actrice fétiche, Astrid Adverbe.
"Prendre l’air" (2009), son précédent moyen-métrage, emportait la conviction par sa liberté de ton et un évident plaisir de filmer des choses "à côté des choses" et d’aller là où on ne l’attendait pas forcément.
Avec ses "Rues de Pantin", son second moyen-métrage, toujours avec Astrid Adverbe, on retrouve ce qu’on aimait dans "Prendre l’air", à commencer par la manière de Nicolas Leclère d’utiliser la topographie urbaine. Paris, Pantin, le Pré-Saint-Gervais, les lieux s’enchaînent toujours agréablement filmés, donnant à voir Paris et sa banlieue comme un jeu de piste ou de l’oie qui aurait bien plu à un Georges Perec.
Son héros est un cinéaste japonais fantasque et francophone, un peu mythomane et beaucoup dragueur. Ce qui permettra à Nicolas Leclère de reprendre, sans jamais l’imiter, le cinéma de jeunes filles de Rohmer là où l’auteur des "Rendez vous de Paris" l’avait laissée.
Ici, Kogo (Hiroto Ogi) confond les rues qui se terminent en "d" et celles qui s’achèvent en "t", se cache dans une cave, a peur de rencontrer Lou Castel, parle avec une jeune fille habillée en Tour Eiffel bleu… Le saugrenu voisine avec le saugrenu mais tout cela n’a qu’un but : mener à un baiser.
Prenant son temps pour faire court, Nicolas Leclère est en train de créer sans se soucier des années et des modes un univers dans lequel on se sent serein cinématographiquement. On aimerait qu’il développe un peu ce qu’il suggère, mais on ne lui en veut pas d’en rester encore à l’esquisse car on connaît un moment agréable dans cette proposition modeste et cependant résolue.
Si l’on osait, on trouverait quelque chose de coréen chez lui et peut-être aussi une parenté avec le cinéma d’Eugène Green.
"Les Rues de Pantin" de Nicolas Leclère est à voir parce qu’il renoue avec ce cinéma qui n’attend que les curieux et combat toutes les routines.
En complément de programme, en prime devrait-on écrire, on pourra voir "Comment dire" (2011), un autre court-métrage de Nicolas Leclère, qui rend encore plus nécessaire de fréquenter ce cinéaste peu ordinaire.
En effet, ce petit joyau loufoque et bizarre illustre deux "nouvelles en trois lignes" écrites par le grand Félix Féneon. Qu’un jeune cinéaste français, qui tournera bientôt son premier long-métrage, connaisse ce génie et ait eu l’irrépressible idée de lui rendre hommage, le rend encore plus précieux à découvrir. Il ne faut pas hésiter à venir au plus vite à sa rencontre. |