Monologue tragi-comique écrit et mis en scène par Thomas Condemine et interprété par Elie Triffault.
Qu'on ne s'attende pas avec "Figaro, j'aurais mieux fait de rester coiffeur", à un seul en scène ou à un monologue dans les normes du genre. D'abord, si Elie Triffault est bien l'unique acteur du spectacle qu'il a coécrit avec son metteur en scène Thomas Condemine, il y joue six personnages. Six personnages que l'on pourrait dire en quête d'acteur. Car, ici, pas question de se grimer ou de se transformer pour changer de rôle. Tout juste un casque de moto désignera le principal protagoniste, Allan, le coiffeur du village choisi par Mario, le metteur en scène, pour participer à cette version d'aujourd'hui du "Mariage de Figaro" qu'il répète avec sa troupe dans une maison isolée des Pyrénées. Elie Triffault ne cherche pas non plus à incarner les participants à ces répétitions. Pas question d'être successivement Allan, Mario, Anne, James, Suzanne et Martin. Il est comme un enfant qui s'amuse à être tous les personnages de l'histoire qu'il se raconte. Pour cela, il lui faut changer de chaise autour de la table chaque fois qu'il devient un autre et en simplement contrefaisant sa voix. Ainsi, par exemple, Mario c'est un accent latin, un mélange indéfinissable mi-espagnol mi-italien et dont la manière d'articuler rappelle un peu Elie Kakou. Pour Allan, il prend une voix plus mâle et fait apparaître ses avant-bras couverts de tatouages. Il faut se laisser emporter par cette "épopée" ratée, ce projet de pièce qui n'aboutira pas et qui, par moments, porte en elle des accents "caubertiens", un Caubère minimaliste et encore largement en devenir. Thomas Condemine et Elie Triffault n'ont pas choisi la facilité et certains spectateurs pourraient être déroutés par la radicalité de l'entreprise, hymne au théâtre déguisé en spectacle faussement amateur. Pourtant si l'on ne se braque pas devant l'apparente bizarrerie de la forme choisie, si l'on supporte l'utilisation inutile de voix enregistrées, on devrait être séduit par "Figaro, j'aurais mieux fait de rester coiffeur" et l'invitation au voyage intérieur imaginée avec beaucoup de soins et d'humour par Thomas Condemine et Elie Triffault.
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